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les médias sous gorbatchev

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Les étoi<strong>les</strong> du petit écran<br />

des meilleures intentions. A preuve, ce reportage d’A. Soloviov, envoyé<br />

spécial ŕ Moscou du journal américain Novoé rousskoé slovo dans le<br />

numéro du 24 juillet 1990 :<br />

La premičre chose qui m’a sauté aux yeux, en arrivant ŕ Moscou, c’est que ça<br />

grouille de mendiants et de mendiantes - <strong>les</strong> rues, <strong>les</strong> gares, <strong>les</strong> stations de métro, <strong>les</strong><br />

passages souterrains. Les Moscovites ne leur marquent pas de sympathie, mais pas<br />

de mépris non plus. On dirait plutôt qu’ils <strong>les</strong> jalousent parce que ceux-ci ont déjŕ<br />

appris des choses qui restent encore ŕ apprendre ŕ ceux qui <strong>les</strong> condamnent. On m’a<br />

raconté que <strong>les</strong> mendiants louaient <strong>les</strong> enfants dont on <strong>les</strong> voit souvent accompagnés<br />

et lorsque, incrédule, je leur demandais comment ils le savaient, mes interlocuteurs<br />

prenaient toujours un air froissé. D’aucuns pensent que <strong>les</strong> mendiants de<br />

Moscou sont des millionnaires clandestins et réclament que l’on procčde ŕ des<br />

perquisitions ŕ leur domicile. En tout cas, dans le conflit ayant opposé une mendiante<br />

anonyme et un célčbre reporter de la télévision, la plupart ont pris le parti de<br />

ce dernier.<br />

J’ai eu au sujet de cette émission une discussion avec Aliocha, un garçon de 14 ans,<br />

au demeurant intelligent et cultivé, qui a été le premier ŕ me raconter ce qui s’était<br />

passé. En fin de journée, le reporter qui se trouvait dans la rue avec toute l’équipe de<br />

tournage transportant microphones et caméras, s’approcha d’une mendiante ŕ qui il<br />

demanda ŕ combien se montait sa recette journaličre. Comme celle-ci ne semblait<br />

pas pressée de lui répondre, il lui arracha son sac et, <strong>sous</strong> <strong>les</strong> yeux des millions de<br />

téléspectateurs, entreprit de compter l’argent qui se trouvait dedans et qui représentait,<br />

si je ne me trompe, quelques centaines de roub<strong>les</strong> (bien que rien ne prouvât que<br />

ce fut la recette d’un seul jour, et non pas de plusieurs).<br />

Aliocha a beaucoup aimé cette émission. Il en bafouillait en m’en parlant, tant il<br />

était excité. L’émission aurait connu, ŕ l’en croire, un succčs fou ; le lendemain,<br />

on n’aurait parlé que d’elle dans la ville , admirant la présence d’esprit que le<br />

reporter avait eue devant la millionnaire clandestine, elle unanimement condamnée.<br />

– En fait-on chez vous des émissions comme ça ? m’a-t-il demandé, tout fier.<br />

– Une pareille émission serait impensable chez nous, lui ai-je répondu. D’abord, ce<br />

reporter se serait fait arrter par la police pour avoir importuné la mendiante, pour<br />

voies de fait et attentat ŕ la propriété d’autrui. Ensuite, il aurait été contraint de quitter<br />

son travail, parce qu’ŕ la différence des téléspectateurs soviétiques, la majorité<br />

des téléspectateurs américains auraient vivement désapprouvé ce reporter et son<br />

comportement inqualifiable.<br />

Aliocha parut tout autant frappé par <strong>les</strong> moeurs des Américains que je l’étais par<br />

ceux de ses concitoyens. En nous y mettant ŕ deux, le pčre d’Aliocha, mon ami de<br />

longue date et moi, nous avons finalement réussi ŕ convaincre le garçon que le<br />

reporter de la télévision avait en l’occurrence abusé de ses pouvoirs. Mais comment<br />

le faire reconnatre au reporter en question et ŕ la multitude de ses admirateurs<br />

auprčs de qui sa cote de popularité est des plus élevées ?<br />

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