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les médias sous gorbatchev

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Il n'y a plus de CENSURE en URSS<br />

ŕ coup « nocif » et servait de pâture ŕ une abondante et scandaleuse critique<br />

dans la presse, tandis que vous, l’auteur, et <strong>les</strong> éditeurs insouciants<br />

étiez bons pour toute sorte de mesures coercitives sans fondements<br />

juridiques. Le censeur en souffrait aussi évidemment.<br />

C’est pourquoi un éditeur moscovite expérimenté préférait envoyer<br />

le manuscrit au département intéressé du CC du PCUS ou au Bureau<br />

de presse du KGB en leur demandant de faire par écrit la critique de<br />

l’oeuvre contre des honoraires confortab<strong>les</strong>. Aprčs avoir reçu l’approbation<br />

écrite d’un fonctionnaire haut placé, il pouvait dormir tranquille.<br />

Mais, assez souvent, <strong>les</strong> bonzes communistes qui étaient eux aussi des<br />

bureaucrates expérimentés préféraient ne pas donner d’approbation écrite<br />

et ne pas recevoir d’honoraires et ils se bornaient ŕ dire quelques mots au<br />

téléphone. Dans ce cas, ils ne risquaient rien : en cas de scandale retentissant,<br />

ils avaient la possibilité d’affirmer que la maison d’éditions n’avait<br />

pas suivi leurs trčs précieux conseils. Faut-il préciser que <strong>les</strong> tribunaux<br />

n’acceptaient pas, avant 1990, de recours en justice qui risquaient de mettre<br />

en question le prestige des instances militaro-communistes.<br />

La peur et le mensonge ont constitué un cercle vicieux duquel ne<br />

pouvait sortir aucun auteur. En effet, la liste des sujets interdits était<br />

longue. D’aprčs Krasnogorov, « la liste des livres interdits en 1913 par la<br />

CENSURE tsariste comprenait 2 300 titres approximativement. Ces listes<br />

étaient publiées et diffusées ouvertement. Au début de 1990, le volume des<br />

titres interdits ŕ la diffusion avait beaucoup augmenté. Plus de 500 000<br />

livres étaient conservés dans une réserve spéciale de la Bibliothčque<br />

Lénine, l’établissement bibliothécaire le plus important d’URSS. Les<br />

lecteurs ordinaires ne pouvaient pas y accéder ». Il faut préciser que le catalogue<br />

spécial des livres et des publications interdites était lui-mme des<br />

plus secrets. Supposons qu’un chercheur qui jouissait de la confiance des<br />

autorités veuille consulter des études historiques consacrées au trotskisme<br />

ou aux décabristes parues ŕ l’étranger. Il- devait réunir au préalable beaucoup<br />

de certificats et permissions qui, dűment signés et cachetés, étaient<br />

délivrés par des organes de sécurité ainsi que beaucoup de références<br />

signées par ses supérieurs. Aprčs avoir rempli toutes ces formalités, il se<br />

présentait donc au dépôt spécial (le spetskhran). Un bibliothécaire renfrogné<br />

lui disait alors qu’il devait lui-mme nommer le livre qu’il désirait<br />

consulter. C’était vraiment difficile, car le chercheur ignorait assez souvent<br />

<strong>les</strong> titres des ouvrages qui paraissaient ŕ l’étranger. Il y avait évidemment<br />

une possibilité d’y remédier : il fallait tout simplement consulter<br />

réguličrement <strong>les</strong> publications périodiques étrangčres qui, normalement,<br />

étaient également conservées au spetskhran.<br />

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