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les médias sous gorbatchev

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Une télévision pour le président<br />

(curieux, n’est-ce pas, que l’on commence déjŕ ŕ oublier que ce dernier est<br />

toujours secrétaire général du CC du PCUS). Mais revenons ŕ Henri<br />

Vartanov. Voici ce qu’il écrit :<br />

Dans le deuxičme numéro du nouvel hebdomadaire Kouranty, on a pu lire <strong>les</strong> résultats<br />

proprement sensationnels d’un sondage d’opinion : non seulement Vrémia est<br />

jugée la plus mauvaise des émissions, mais encore elle vient loin derričre l’émission<br />

qui occupe l’avant-derničre position sur la liste.<br />

De quoi envoyer au tapis pour le compte tous ceux qui ne se lassent pas de répéter ŕ tous<br />

<strong>les</strong> coins de rue que l’émission Vrémia est le miroir des changements engendrés par la<br />

perestroka ! Mme des correspondants étrangers, et non des moindres, ont récemment<br />

reconnu, dans <strong>les</strong> pages de la Literatournaa gazeta, qu’elle a beaucoup changé !<br />

Changé, oui, mais seulement par rapport aux années de la stagnation qui l’ont vu<br />

natre. De plus (et c’est déplorable) bien des traits substantiels qu’on lui connaissait<br />

alors, elle <strong>les</strong> a toujours. Vrémia reste une émission pompeuse, imbue de son rôle<br />

d’organe officiel, énonçant une position qui est celle de l’Etat dans le sens le plus<br />

général du mot et ne suggérant aucun point de vue alternatif. Depuis que la perestroka<br />

suit son cours, la position en question a changé du tout au tout, mais le<br />

principe du monologue est maintenu ; un paradigme en chasse un autre, mais la<br />

possibilité d’interprétation demeure unique.<br />

C’est tout juste si cette émission a voulu renoncer ŕ ses vieux mythes au travers<br />

desquels l’Occident nous apparaissait comme l’Enfer. Mais d’autres mythes ont aussitôt<br />

pris leur place - et voilŕ l’Occident paré de tous <strong>les</strong> attraits du Paradis ! La métamorphose<br />

n’a pas déplu aux observateurs étrangers, ni ŕ l’intelligentsia soviétique<br />

férue de démocratie. Peu ont prter attention au fait qu’ŕ un mensonge, un autre<br />

avait été substitué. D’ailleurs, ce qu’a surtout remarqué un journaliste japonais cité<br />

par la Literatournala gazeta, ce sont <strong>les</strong> éloges prodigués ŕ l’adresse de son pays par<br />

la télévision centrale. Je dirai mme plus : je prévois beaucoup d’ennuis pour le journaliste<br />

qui aujourd’hui s’aviserait d’affirmer comme avant dans l’émission Vrémia<br />

qu’en Occident aussi, <strong>les</strong> gens ont des problčmes.<br />

Tant que nous n’aurons qu’une seule émission d’information, créée dans une seule<br />

rédaction, Vrémia restera ce journal morne et primitif, qui simplifie l’événement<br />

parce qu’il en refuse toute autre interprétation que la sienne. Comme autrefois <strong>sous</strong><br />

Brejnev, Vrémia demeure la «voix de l’Etat», une sorte d’agence TASS «ŕ images».<br />

Mais si personne ne doute que l’agence TASS est restée imperméable ŕ la perestroka,<br />

Vrémia, grâce ŕ ses images justement, peut donner au téléspectateur borné<br />

une impression (illusoire) de variété, encore que la diversité de l’image ne puisse<br />

abolir le sens unique du discours.<br />

Dčs le départ, Vrémia a été une émission totalitaire. Faisant brutalement irruption<br />

dans le programme du soir qui se trouva divisé en deux parties inéga<strong>les</strong>, non seulement<br />

elle s’est approprié le meilleur temps d’écoute, mais elle s’est encore installée<br />

sur toutes <strong>les</strong> chanes ŕ la fois, ne laissant d’autre choix au téléspectateur que de suivre,<br />

du moins pendant qu’il durait, le journal officiel. Aujourd’hui (perestroka<br />

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