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les médias sous gorbatchev

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La radio<br />

nouvel<strong>les</strong> politiques et musica<strong>les</strong> ; que celle de Washington l’informait de<br />

ce qui se passait aux Etats-Unis ; que Deutsche Welle relatait par le menu<br />

<strong>les</strong> derničres nouvel<strong>les</strong> concernant non seulement l’Allemagne de l’Ouest<br />

mais aussi <strong>les</strong> pays de l’Est et qu’il n’y avait rien de tel, enfin, pour tre au<br />

courant des événements dans son propre pays que d’écouter réguličrement<br />

l’américaine radio Liberty émettant depuis Munich.<br />

La presse soviétique, de son côté, suivait en silence, mais trčs<br />

attentivement, tout ce que disaient <strong>les</strong> radios étrangčres et se mettait<br />

mme de temps ŕ autre ŕ polémiquer avec el<strong>les</strong> sans toutefois en citer<br />

aucune. Que n’a-t-on pas inventé pour lutter avec ces intruses ? On <strong>les</strong><br />

avait truffées d’espions, fait sauter leurs émetteurs, dépeint ŕ longueur<br />

de pages de roman l’immoralité de ces renégats d’émigrés dont el<strong>les</strong><br />

louaient <strong>les</strong> services, étouffé leurs émissions ŕ grands coups de<br />

brouilleur, fabriqué des millions de postes-récepteurs sourds ŕ leurs programmes,<br />

terrorisé leurs auditeurs soviétiques... Peine perdue. Sitôt<br />

arrivé le matin ŕ son travail, le Soviétique commençait par discuter en<br />

cachette avec un ami sűr de ce qu’il avait entendu la nuit sur <strong>les</strong> ondes.<br />

Et tandis que des dizaines de millions de Soviétiques collaient l’oreille<br />

ŕ leur poste, dans <strong>les</strong> établissements d’études supérieures du PCUS et<br />

dans <strong>les</strong> facultés de sciences humaines, des centaines de permanents du<br />

Parti en toge de savant pondaient brochure sur brochure, article sur<br />

article, sur la nécessité d’ériger « une barričre efficace sur la voie de la<br />

propagande bourgeoise et impérialiste qui souffle sur <strong>les</strong> braises du<br />

nationalisme et qui cherche ŕ détruire la foi portée dans <strong>les</strong> idéaux communistes<br />

».<br />

Pour <strong>les</strong> Soviétiques, <strong>les</strong> émissions russes des radios étrangčres<br />

étaient donc pareil<strong>les</strong> ŕ un rayon de lumičre brillant dans <strong>les</strong> ténčbres.<br />

Pour <strong>les</strong> hommes au pouvoir, el<strong>les</strong> étaient une source d’information qu’ils<br />

utilisaient ŕ leurs propres fins. Les brouilleurs hululaient et jacassaient sans<br />

arrt : on plaçait devant un micro un petit moteur trčs puissant et<br />

extrmement bruyant, et <strong>les</strong> ondes s’emplissaient de la cacophonie qu’il<br />

produisait. Cette procédure était de rigueur dans toutes <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> soviétiques<br />

(naturellement, brouiller une émission revient plus cher que la diffuser,<br />

et c’est ainsi que lŕ oů la Voix de l’Amérique dépensait un dollar<br />

nous en dépensions plusieurs centaines). Malgré tout, il restait dans l’immense<br />

territoire soviétique de nombreux endroits qui se trouvaient hors du<br />

champ d’action des brouilleurs. Et notons en passant que dans <strong>les</strong> pays de<br />

l’Est le brouillage des émissions étrangčres n’a jamais été pratiqué car la<br />

proximité des postes émetteurs rendait inefficace toute protection de ce<br />

genre.<br />

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