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les médias sous gorbatchev

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422 L'opinion publique en URSS<br />

avaient des possibilités limitées pour venir chez nous. Nous autres, sociologues<br />

soviétiques, n’avions ni <strong>les</strong> laboratoires nécessaires ni la possibilité de publier ce que<br />

nous considérions comme objectif. Vers le début des années 80, nous nous sommes<br />

tous transformés ou presque en chercheurs isolés.<br />

– On dit toujours que la sociologie est comme un miroir de la société. Si c’est vrai,<br />

que reflčte ce miroir ?<br />

– C’est plus qu’un miroir. C’est plutôt une étude scientifique de la réalité, un instrument<br />

ŕ double tranchant, car un sociologue peut tre progressiste ou conservateur.<br />

– Par exemple ?<br />

– Si vous voulez, le sociologue Routkévitch, membre correspondant de l’Académie<br />

des sciences de l’URSS, qui est un trčs bon professionnel, est l’un des conservateurs<br />

<strong>les</strong> plus confirmés de notre culture.<br />

– En quoi consiste son conservatisme ?<br />

– Il s’en tient ŕ des positions figées, notamment en ce qui concerne la structure<br />

sociale de notre société. Il a des idées préconçues sur la place des intellectuels dans<br />

notre vie. Il s’en tient toujours ŕ la fameuse formule officielle «deux plus un», c’estŕ-dire<br />

deux classes, l’ouvričre et la paysanne, plus <strong>les</strong> intellectuels. Il y a plusieurs<br />

années, j’ai eu ŕ expertiser, <strong>sous</strong> Grichine, le plan directeur de développement de la<br />

ville de Moscou. Les auteurs du plan en question cherchaient ŕ tout prix ŕ stabiliser<br />

la proportion de la classe ouvričre par rapport au total de la population de Moscou.<br />

Pourtant, chercher ŕ préserver l’actuelle structure sociale et professionnelle au<br />

moment oů décolle une révolution scientifique et technique équivaut ŕ creuser<br />

davantage notre retard sur <strong>les</strong> pays industrialisés et ŕ risquer d’tre rejeté dans le tiers<br />

monde, et mme ŕ ses confins. Aujourd’hui le monde civilisé procčde ŕ une désindustrialisa-tion<br />

des vil<strong>les</strong> et ŕ la création d’une économie informatisée oů <strong>les</strong> spécialistes<br />

appelés traditionnellement intellectuels deviennent la principale force productrice.<br />

Bref, la société moderne n’emploie qu’un tiers de sa population active<br />

dans la sphčre de la production matérielle.<br />

– Y a-t-il aujourd’hui des domaines interdits pour la sociologie ?<br />

– Pour moi, il n’y en a jamais eu. Mais quand des chercheurs ne reconnaissaient pas<br />

certains interdits et luttaient pour avoir le droit d’étudier certains thčmes, <strong>les</strong><br />

dirigeants le voyaient d’un mauvais oeil. Résultat : <strong>les</strong> chercheurs qui ne reconnaissaient<br />

pas <strong>les</strong> interdits étaient confrontés ŕ plus de difficultés.<br />

– Et <strong>les</strong> dirigeants, que n’aimaient-ils pas encore ?<br />

– Oh, beaucoup de choses. Par exemple, ils n’aimaient pas qu’on étudiât le systčme<br />

des privilčges qui est toujours en vigueur ou <strong>les</strong> problčmes de justice sociale.<br />

– Les sociologues soviétiques, étudient-ils des thčmes spécifiques comme la vie<br />

dans le PC ou dans l’armée ?<br />

– Une réponse affirmative ne serait pas tout ŕ fait exacte. Il y a en URSS un seul<br />

Institut de sociologie et le tout premier Centre fédéral d’études de l’opinion

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