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les médias sous gorbatchev

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344 Sa majeste la censure<br />

ler sans cesse ŕ condition de faire preuve d’éloquence et de ne pas abuser<br />

de la patience des lecteurs. D’autant plus que pour <strong>les</strong> Soviétiques la<br />

CENSURE n’est pas morte. Elle existe toujours, car elle est éternelle.<br />

« Qui a dit que le Glavlit n’est plus ?» a titré l’hebdomadaire Nédélia du<br />

20 aoűt 1990, la veille de l’entrée en vigueur de la Loi nationale « Sur la<br />

presse et <strong>les</strong> <strong>médias</strong> ». La Loi interdit la CENSURE des <strong>médias</strong>, ainsi<br />

que l’intervention dans leurs activités des organes d’Etat et des organisations<br />

socia<strong>les</strong>. Mais en mme temps, elle interdit de se servir des<br />

<strong>médias</strong> pour divulguer <strong>les</strong> renseignements qualifiés de secrets d’Etat ou<br />

tout autre type de secrets protégés par la Loi. Cela signifie que le Glavlit<br />

existera toujours. La CENSURE est morte. Vive la CENSURE ! Je<br />

vous cite un extrait de l’article de Gouline paru dans ce numéro de<br />

Nédélia :<br />

Mes collčgues <strong>les</strong> journalistes jubilent. Ils ont commencé ŕ pavoiser le 1er aoűt et ne<br />

peuvent pas s’arrter. Toujours ŕ propos de l’abrogation de la CENSURE, c’est-ŕdire<br />

du Glavlit.<br />

Mais il parat tout de mme que <strong>les</strong> bruits qui courent sur le démantčlement de cet<br />

établissement sont exagérés. Qui a dit que le Glavlit n’est plus ? Il existera encore<br />

longtemps, sera toujours prospčre et veillera toujours ŕ ce que nous, <strong>les</strong> journalistes,<br />

ne révélions pas par inadvertance des secrets militaires ou des secrets d’Etat.<br />

Dorénavant, le Glavlit ne nous donnera plus d’instructions mais, en revanche, il<br />

nous contrôlera plus strictement encore. En d’autres termes, on nous fait confiance<br />

sur le plan idéologique, mais en mme temps, on nous oblige ŕ assumer la responsabilité<br />

de la divulgation des secrets d’Etat.<br />

Auparavant, ŕ l’âge d’or de la CENSURE, lorsque tous <strong>les</strong> textes étaient contrôlés<br />

minutieusement le crayon ŕ la main, <strong>les</strong> journalistes n’avaient pas besoin de stocker<br />

tous <strong>les</strong> interdits dans leur mémoire surchargée. Les fonctionnaires du Glavlit<br />

rassemblaient réguličrement <strong>les</strong> rédacteurs des <strong>médias</strong> pour leur rappeler une nouvelle<br />

fois ce qu’ils pouvaient publier, parce que la liste des interdits changeaient d’un<br />

jour ŕ l’autre.<br />

Lorsque j’ai pris part pour la premičre fois ŕ une réunion de ce type et que j’ai<br />

écouté tout ce qu’on y disait ŕ propos des interdits, j’ai eu une peur bleue, car<br />

avant la réunion je ne savais strictement rien des usines secrčtes, des équipements,<br />

des appareils et des mécanismes, des médicaments, des inventions et des découvertes<br />

dont il ne fallait pas parler. Et d’un seul coup j’ai appris beaucoup de secrets<br />

qu’il ne fallait divulguer ŕ aucun prix. A quoi bon m’avoir donné toutes ces informations<br />

? Et si je tombe dans un pičge dressé par <strong>les</strong> services secrets d’une puissance<br />

étrangčre ? Car je parlerai sűrement <strong>sous</strong> la torture, déjŕ que j’ai horreur<br />

qu’on me chatouille ou q’on me touche avec des mains froides ! Et maintenant, je<br />

me pose la question : est-ce que dorénavant on remettra ŕ toutes <strong>les</strong> rédactions<br />

cette brochure assez volumineuse avec l’énumération de toutes <strong>les</strong> choses dont il<br />

ne faut pas souffler mot ? C’est possible. Mais d’autre part, il arrive que des choses

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