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les médias sous gorbatchev

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334 Sa majeste la censure<br />

« Notes » que <strong>les</strong> autorités tsaristes n’étaient, certes, pas irréprochab<strong>les</strong>.<br />

Il suffit de se souvenir que la plupart des littérateurs russes du XIX e sičcle<br />

ont eu des relations trčs tendues avec <strong>les</strong> censeurs et le pouvoir.<br />

Chaque écolier soviétique sait que l’empereur Nicolas I er se chargeait<br />

lui-mme de la CENSURE des oeuvres de Pouchkine. Beaucoup de ses<br />

écrits sont restés dans <strong>les</strong> tiroirs pendant des années et n’ont été publiés<br />

qu’aprčs sa mort. La comédie de Griboiédov Le malheur d’avoir trop d’esprit<br />

n’a jamais été mise en scčne ou publiée de son vivant. Le roman Les<br />

âmes mortes de Gogol a été censuré et n’a pu paratre qu’aprčs neuf ans<br />

de luttes incessantes et aprčs que l’auteur ait accepté des « corrections »<br />

importantes.<br />

Mais <strong>les</strong> empereurs russes cultivés du XIX e sičcle ne pourraient pas<br />

tre comparés ŕ Lénine, ŕ Staline ou ŕ Brejnev. La différence entre la<br />

CENSURE russe et la CENSURE soviétique était aussi sensible que celle<br />

entre <strong>les</strong> bagnes et <strong>les</strong> « résidences assignées » tsaristes et le GOULAG. Il<br />

n’y avait pratiquement pas d’évasions des camps du GOULAG, tandis<br />

qu’il était relativement facile de s’évader des lieux de détention en Sibérie<br />

<strong>sous</strong> le pouvoir tsariste : seuls <strong>les</strong> fainéants n’osaient pas le faire, ce qui<br />

était peut-tre dű en partie ŕ des conditions de vie tolérab<strong>les</strong>.<br />

Krasnogorov souligne que le Décret sur la presse a été proclamé<br />

dans <strong>les</strong> heures qui ont suivi la formation du premier gouvernement<br />

soviétique, le 8 novembre 1917. La neutralisation de toute la presse<br />

d’opposition (oů qualifiée comme telle par <strong>les</strong> bolcheviques) et mme<br />

des publications éditées par leurs alliés est entrée dans la sphčre d’activités<br />

de la Tchéka, la fameuse Commission extraordinaire qui exécutait,<br />

sans autre forme de procčs, <strong>les</strong> ennemis présumés de la révolution.<br />

La Tchéka a jeté <strong>les</strong> bases d’organes répressifs dont la tradition s’est<br />

perpétuée ŕ travers de nombreux changements de sigle NKVD, MGB,<br />

KGB. Le Décret sur la presse a souligné tout particuličrement que la<br />

limitation des libertés de la presse avait « un caractčre temporaire » et<br />

serait « abrogée par un arrté spécial immédiatement aprčs l’établissement<br />

de conditions de vie norma<strong>les</strong> ». Il a fallu attendre 72 ans cette<br />

abrogation.<br />

Dans son essai volumineux et passionnant, Krasnogorov relčve<br />

encore une conséquence importante du Décret sur la presse. Le démantčlement<br />

des journaux d’opposition signifiait que <strong>les</strong> opposants des<br />

bolcheviques ne pouvaient plus envisager la poursuite de la lutte par des<br />

moyens politiques. Dčs le premier jour de son existence, le pouvoir soviétique<br />

leur a déclaré une guerre sans merci. Il ne leur restait plus qu’ŕ prendre<br />

<strong>les</strong> armes. Krasnogorov en conclut en toute logique que « le jour oů le

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