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les médias sous gorbatchev

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LaPravda, survivra-t-elle ŕ 1991 ?<br />

mulées par <strong>les</strong> dirigeants du PCUS. Aucune autre idée n’avait le droit d’tre<br />

exprimée car, du point de vue des possesseurs de la vérité absolue, el<strong>les</strong> ne correspondaient<br />

pas aux « intérts et objectifs fixés dans la législation soviétique » et<br />

devaient, par conséquent, tre réprimées comme « des élucubrations totalement<br />

fausses et diffamatoires sur le régime et l’Etat soviétiques ».<br />

Quand nous avons vu que nous étions dans une impasse, il s’est avéré que le peuple<br />

était fort capable de déterminer lui-mme ses intérts en choisissant entre ceux qui<br />

proposaient de « renforcer et de promouvoir » <strong>les</strong> acquisitions socialistes et ceux qui<br />

suggéraient d’autres voies. La glasnost qui a été proclamée a joué le rôle de soupape<br />

de sűreté, d’ersatz de liberté de parole et de presse. Les autorités ont tout simplement<br />

relâché un peu <strong>les</strong> brides en vue de tirer sur el<strong>les</strong> davantage ensuite en<br />

recourant ŕ la Loi sur la presse et donc sur une base juridique respectable.<br />

El<strong>les</strong> n’ont pas songé un instant ŕ garantir une liberté de presse réelle. A preuve, le<br />

projet officiel qui a été soumis aux députés. Rédigé au Comité central du PCUS,<br />

d’aprčs <strong>les</strong> principes des lois sur la presse de l’époque de Nicolae Ceausescu, ce projet<br />

avait pour objectif de légaliser la CENSURE, de liquider <strong>les</strong> samizdat et de consacrer<br />

ŕ tout jamais la position inférieure de la presse, considérée comme un «<br />

instrument sűr et puissant du PC ».<br />

On sait que <strong>les</strong> députés lui ont préféré un autre projet mis au point par des docteurs<br />

en droit, Batourine, Entine et votre serviteur et publié <strong>sous</strong> forme de brochure aux<br />

frais des auteurs, que nous avons offerte ŕ tous <strong>les</strong> participants au premier congrčs<br />

des députés du peuple. Ainsi, par voie non-officielle, le projet a été soumis au parlement.<br />

Ce que nous autres, députés et auteurs du projet faisant partie du groupe de travail<br />

Nikola Fiodorov, considérions comme un progrčs, était taxé de « face cachée de la<br />

démocratie » et de « pseudo-libertés bourgeoises ». Les autorités ne ménageaient<br />

aucun effort pour élaguer le projet de loi, pour l’émasculer, en supprimant toutes <strong>les</strong><br />

dispositions inacceptab<strong>les</strong> pour el<strong>les</strong>. A toutes <strong>les</strong> séances, <strong>les</strong> représentants des «<br />

organismes intéressés » s’attaquaient aux artic<strong>les</strong> l’un aprčs l’autre, cherchant ŕ<br />

glisser des bombes ŕ retardement capab<strong>les</strong> de faire sauter tout le projet. En mme<br />

temps, le texte subissait réguličrement d’ étranges métamorphoses : dans de nouvel<strong>les</strong><br />

versions dactylographiées on apercevait immanquablement de nouvel<strong>les</strong> formu<strong>les</strong>,<br />

et parfois des artic<strong>les</strong> entiers, sur <strong>les</strong> restrictions de la liberté de parole dans<br />

<strong>les</strong> <strong>médias</strong>.<br />

Et pourtant, nous avons su soumettre ŕ la premičre lecture un bon document.<br />

N’ayant pas réussi ŕ le rédiger ŕ leur goűt, nos adversaires ont eu recours ŕ d’autres<br />

moyens de lutte. Le groupe de travail a décidé de rendre public le projet de loi pour<br />

le soumettre ŕ une discussion dans <strong>les</strong> milieux journalistiques. Le CC du PCUS l’a<br />

interdit. Quand notre projet a été publié comme un document officiel pour tre distribué<br />

aux députés, le CC du PCUS a saisi le tirage. En premičre lecture, un scandale<br />

a éclaté car la « version amendée » du projet ressemblait autant ŕ la nôtre, telle<br />

que <strong>les</strong> comités l’avaient approuvée, qu’un cadavre ressemble ŕ un homme vivant :<br />

l’apparence est la mme mais l’âme n’y est plus.<br />

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