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les médias sous gorbatchev

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250 Les medias electroniques en URSS<br />

fois pas allé jusqu’ŕ expliquer la sollicitude manifestée par Gorbatchev ŕ<br />

l’égard de la victime par le fait que celui-ci se solidarise avec la position<br />

politique de Névzorov.<br />

Moi personnellement, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, je<br />

n’aime pas Névzorov avec sa haine de l’establishment soviétique, sa<br />

maničre de tout critiquer, son monarchisme, son « combat pour sauver<br />

la Russie ». Ne connaissons-nous pas des gens qui sont réputés pour leur<br />

amour de Sa Majesté l’Empereur de Russie, qui adorent <strong>les</strong> gouvernements<br />

musclés et qui détestent bolcheviques, coopérateurs et avantgardistes<br />

? Avez-vous deviné qui ils sont ? Il est désagréable, n’est-ce<br />

pas, de reconnatre dans ce portrait <strong>les</strong> membres de Pamiat, la mine<br />

sérieuse, <strong>les</strong> épau<strong>les</strong> carrées, l’instruction incomplčte, blouson de cuir<br />

noir et drapeau de mme couleur portant tte de mort et tibias entrecroisés.<br />

Mais, oui, exactement le mme drapeau que l’on voit déployé<br />

derričre Alexandre Névzorov, sur la photo dans le Komerçant du 10<br />

décembre 1990. Nous sommes donc en 1990. Névzorov a 32 ans. Il est<br />

né ŕ Leningrad, a chanté dans un choeur d’église, a failli entrer en religion,<br />

puis s’est essayé au métier de cascadeur. Depuis trois ans, il anime<br />

l’émission 600 secondes oů il montre, par exemple, comme des gens brűlent<br />

leurs cartes de membre du parti avec l’effigie de Lénine. Contre<br />

toute logique, cette émission, on ne l’interdit jamais. Quand on le<br />

regarde, nerveux, le regard dur, toujours ŕ stigmatiser quelqu’un, ŕ jouer<br />

sur la peur des gens, l’air de savourer le mal, <strong>les</strong> des<strong>sous</strong> sordides de la<br />

vie qu’il nous dévoile, on n’a qu’une seule pensée : non, pas de ça chez<br />

nous, pas ce genre de Garde rouge, de révolutionnaire justicier : on en a<br />

assez vu.<br />

La télévision de chez nous semble éviter soigneusement de laisser<br />

l’écran ŕ des gens qui ont des choses ŕ dire et que l’on se ferait un plaisir<br />

d’écouter. On aimerait voir un peu plus souvent de vraies personnalités,<br />

des gens qui ont de l’éclat - mais la plupart d’entre eux refusent de collaborer<br />

avec la télévision parce que mentir leur répugne et ils savent que<br />

jamais on ne <strong>les</strong> laisserait dire TOUTE la vérité. Sur l’écran, Garri<br />

Kasparov est libre de plisser le front, penché sur l’échiquier ; Alla<br />

Pougatcheva, de chanter, mais jamais nous ne verrons la moindre preuve<br />

de la capacité qu’on leur devine de penser librement, hors des sentiers battus.<br />

Les gens bien, on ne <strong>les</strong> voit jamais qu’en différé, dans un enregistrement<br />

passé au crible par la CENSURE. Ces procédures de contrôle<br />

méticuleuses, systématiques, finissent par avilir mme <strong>les</strong> vedettes de la<br />

télévision, ainsi que tous ceux qui participent ŕ la réalisation des émissions,<br />

y compris bon nombre de journalistes animés pourtant au départ

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