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Ne reprend-elle pas, en effet, à un niveau de clarté et de
distinction rationnelles cette double séduction si profondément
humaine que sont la magie, parole et rite
efficaces, et le mystère, cet inconnu à la fois effrayant et
séduisant ?
La terre natale
Le logos scientifique n’est pas par génération spontanée.
Il est ‘à partir de’. Il a sa ’terre natale’, selon la suggestive
expression de Cassirer.
Au départ de l’humain, il y a l’unité immédiate et indifférenciée
du dire originel, le mythos. Toutes les autres
paroles sont encore ’enveloppées’ dans cette forme
fondamentale à partir de laquelle elles se ’développeront’
progressivement. Ce développement génétique renvoie à
une nécessité systémique. Il ne s’agit pas d’un simple
progrès où le stade précédent ne serait qu’un marchepied
vers le stade suivant. Il s’agit d’une croissance organique
où les virtualités de départ s’articulent progressivement
en complexification différentielle. Des lois
identiques régissent le développement systémique de
part en part. Le nouveau qui apparaît en diachronie ne
représente jamais une rupture radicale par rapport à la
légalité synchronique du processus. Le ’mythos’ n’est pas
illusoire superstructure par rapport à une infrastructure
logique. Il est l’originaire activité de l’esprit humain dans
son unité. Le ’mythos’ est terre natale et terre nourricière
de toutes les paroles. Et elles ne restent vivantes qu’en
venant sans cesse s’y ressourcer.
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