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Par contre, même si tout le reste que j'ai jamais imaginé
était vrai, il suffit que je cesse de penser pour que s'évanouisse
la raison de croire que je suis.
C'est ainsi que je connais que je suis une substance dont
toute l'essence ou la nature n'est que de penser.
Cette substance, pour être, n'a besoin d'aucun lieu. Elle
ne dépend d'aucune chose matérielle. Si bien que ce
moi, c'est-à-dire l'âme par laquelle je suis ce que je suis,
est entièrement distincte du corps. Elle est même plus
aisée à connaître que lui
. Et si le corps n'était pas, cela
n'empêcherait pas l'âme d'être tout ce qu'elle est.
Je viens de trouver une proposition que je sais être vraie
et certaine. En quoi consiste cette certitude ? Et, de
façon plus générale, qu'est-ce qui est requis pour qu'une
proposition soit vraie et certaine ?
Je remarque que dans cet énoncé: je pense donc je suis,
il n'y a rien qui m'assure que je dis la vérité, excepté que
je vois très clairement que, pour penser, il faut être.
Je peux donc prendre pour règle générale que les
choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement
sont toutes vraies. La seule difficulté qui reste
c'est de discerner quelles sont celles que nous concevons
distinctement.
Je poursuis ma réflexion sur le fait que je doute. Mon être
n'est donc pas parfait. Je vois en effet clairement que
c'est une plus grande perfection de connaître que de
douter.
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