LIvre au format PDF - Meta-noia

ne peut rien savoir. Il prône la suspension du jugement
pour demeurer sans opinion et n'accepter que le
raisonnable. Carnéade, de la Nouvelle Académie, dépassera
ce scepticisme absolu vers le probabilisme qui tient
que l'on ne peut atteindre que le probable (pithanon).
Contre le stoïcisme, qui admet l'existence de représentations
manifestant intrinsèquement leur vérité, Carnéade
affirme qu'il n'y a pas de critère de la vérité, car il n'y a
pas de représentation vraie. Cicéron résume en quatre
propositions cette thèse de Carnéade et de l'Académie :
1) Il y a des représentations fausses. 2) Ces représentations
ne permettent pas une connaissance certaine. 3)
Si des représentations n'ont entre elles aucune différence,
on ne peut distinguer leur degré de certitude. 4)
Il n'y a pas de représentation vraie distincte d'une représentation
fausse.
Mais, pour Carnéade, la raison elle non plus n'est capable
de nous faire connaître les choses telles qu'elles
sont en elles-mêmes. En effet, la raison seule, sans
représentation, ne peut connaître le monde. Même considérée
en elle-même la dialectique de la raison conduit à
des contradictions insurmontables. Carnéade va jusqu'à
remettre en question la certitude des mathématiques.
Cette critique de la certitude conduit à l'état d'incompréhension
– acatalepsie -, état dans lequel on suspend son
jugement et on ne croit en rien. Dès lors, si pour agir, il
faut croire, comment agir, si rien ne peut être cru ?
Mais le scepticisme déborde largement l'école sceptique.
Lorsque Socrate, par exemple, affirme que tout ce qu'il
sait, c'est qu'il ne sait rien, on ne peut certes pas
234