LIvre au format PDF - Meta-noia

Au commencement est la croyance. Ensuite vient la
raison qui critique, refuse, fonde, etc... Comment la
science, par exemple, peut-elle être pour moi source de
certitude si je ne commence pas par 'croire' en sa
possibilité ? A partir de là peuvent alors se fonder des
certitudes. Mais il faut commencer par croire en la
science ! Rien ne commence hors de la croyance. Que
ce soit 'vivre', 'découvrir', 'comprendre', 'risquer'. L'IN-croyant
lui-même n'est pas hors d'une croyance préliminaire.
Simplement cette croyance s'affecte du préfixe 'in' !
La croyance, Pour Aristote, relève de l'habitus, l'hexis.
L'habitus n'est pas l'habitude. Les habitudes peuvent être
puissantes, mais elles ne s'inscrivent pas profondément
dans l'être. C'est la connaissance authentique qui est à
même d'engager l'âme d'un être dans son entier. Dans
le Théétète de Platon Socrate défend l'idée que la connaissance
ne peut pas être seulement une possession
passagère, mais qu'elle se doit d'avoir le caractère
d'une hexis, c'est-à-dire non pas d'une passivité mais
d'une activité participante. Chez Thomas d'Aquin,
l'habitus se réfère à l'intériorisation par un sujet de la
perfection à laquelle il aspire, et qui se révèle dans les
activités.
La croyance est de l'ordre des préliminaires. Elle précède
la raison qui, sans elle, serait 'en l'air'. La raison ne
fonctionne pas à vide. L'exigence rationnelle porte
nécessairement 'sur'. La critique présuppose quelque
chose sur quoi porter. L'activité rationnelle présuppose
quelque chose sur quoi fonctionner, un énoncé, une
proposition, une affirmation, une négation, bref, quelque
chose comme une 'croyance'.
216