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quelque fondement de vérité. Car il ne serait pas possible
que Dieu, qui est tout parfait et tout véritable, les
aurait mises en nous sans cela.
Et parce que nos raisonnements ne sont jamais si
évidents ni si entiers pendant le sommeil que pendant la
veille, bien que quelquefois nos imaginations soient alors
autant ou plus vives et expresses, la raison nous dicte
aussi que nos pensées ne pouvant être toutes vraies, à
cause que nous ne sommes pas tout parfaits, ce qu'elles
ont de vérité doit infailliblement se rencontrer en celles
que nous avons étant éveillés, plutôt qu'en nos songes. 1
Le malin génie
Jusque là, dans l'espace mental et culturel de l'Occident
régnait un originaire absolument indubitable, fondement
absolu de toute vérité, négation radicale de tout doute, à
savoir Dieu. Désormais au commencement ne sera plus
la certitude mais le doute.
Reste alors à affronter le 'grand trompeur'. Il faut désormais
prendre grand soin de n'accepter comme vraie
aucune erreur et d'armer l'esprit contre toutes les ruses
du grand trompeur. La vérité, désormais, n'est plus
donnée. Elle doit redoutablement se conquérir à travers
une lutte contre la tromperie. Sur fond de soupçon d'un
trompeur absolu.
C'est dans les Méditations métaphysiques 2 que Descar-
1 La paraphrase est consciente et voulue. Ce texte se trouve donc
ici sans guillemets.
2 Méditations métaphysiques (§9 et 10)
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