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Il est vrai que quelques-uns, comme Renouvier, ont tenté
de concilier le phénoménisme avec le criticisme. Face à
la loi d'universelle relativité, ils ont posé l'existence de
catégories présentes et nécessaires à tous les états de
conscience et dont aucune habitude ne pourrait expliquer
la genèse. Mais si les états de conscience n'admettent
rien en dehors d'eux, ni nature, ni esprit, s'ils sont posés
en soi, sans qu'on puisse y trouver des causes profondes
ou des raisons pleinement intelligibles, les lois qu'on y
découvre ne peuvent fonder aucune certitude. Comment,
dès lors, peut-on les connaître autrement que par
l'observation ou l'analyse intérieure ? De quel droit peuton
en garantir la nécessité ? Au nom de quoi leur
donnerait-on plus de valeur qu'aux autres qualités
sensibles qui les accompagnent ? Ces autres qualités
sensibles sans doute plus changeantes mais tellement
plus concrètes et sans doute plus réelles selon
l'instinct commun de l'humanité.
D'autres comme Boutroux ou Bergson prennent des
distances avec les lois de l'entendement et de la pensée
logique, les considérant comme des obstacles plutôt que
des aides à l'intuition du réel. Ils sont à la recherche de la
sensation simple et immédiate, aussi purifiées qu'il se
peut des apports de la pensée abstraite et de la réflexion.
Seules ces données immédiates sont sensées apporter
une connaissance intime et fidèle de la réalité. Une
connaissance qui n'est plus ni intérieure ni extérieure,
mais absolue, étant la représentation et la chose même.
On revient ainsi, d'une certaine façon, à concevoir le réel
à peu près à la manière de l'instinct primitif et irréfléchi.
Un tel phénoménisme radical, tendu entre intellectua-
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