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Les Grecs n’entrevoient pas la possibilité que l’expérience
puisse devenir elle-même rationnelle en se pénétrant
d’idée. Ils ne peuvent encore penser, comme le fera la
science moderne, le ’fait’ en tant que ’scientifique’, le 'fait'
en tant que construit, par opposition au fait simplement
empirique. Dès lors l’expérience peut-elle être autre
chose qu’une source d’obscurité et d’erreur ?
Et pourtant ils ont la certitude que la nature doit être
pétrie de raison. Et par conséquent de mathématique ! Il
s’efforceront donc de dégager un schéma rationnel de la
nature. Par raisonnement analogique, raisonnement du
même au même, fondé sur l’observation, ils tentent
d’établir une classification en genres et en espèces –
essences ou idées abstraites et générales qui s’articulent
entre elles selon une hiérarchie – classification qui est
censée reproduire au niveau de l’esprit humain la classification
hiérarchisée selon laquelle est construite la
nature.
Ce schéma rationnel de la nature permettra ensuite
d’intégrer toute nouvelle découverte et par conséquent,
en le corrigeant éventuellement, de l’étendre progressivement
à la totalité des êtres naturels. Ce processus
d’intégration se fait essentiellement par la déduction. La
déduction est la forme de raisonnement qui procède du
général au particulier, de l’un au multiple, de l’idée au fait.
Procéder en sens inverse, raisonner du particulier au
général, du multiple à l’un, du fait à l’idée, l’induction, ne
sera rationnel que dans l’espace de la déduction. Aristote
établira rigoureusement les différentes formes valables,
c’est-à-dire logiques, du raisonnement.
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