LIvre au format PDF - Meta-noia

certaine. Celle-ci ne peut plus être que simple ‘croyance’
et sa certitude se dissout dans le scepticisme.
Ainsi s’accomplit le projet empiriste de ruiner la
métaphysique. Mais la physique qu’on voulait ainsi
valoriser n’est pas davantage sauve. Pour que la science
soit sauvée, il faut que le principe de causalité et les
autres principes constitutifs de la science soient nécessaires.
D’où peut leur venir cette nécessité ? Puisque
l’expérience seule ne peut la donner, il faut qu’elle vienne
indépendamment de l’expérience, de façon a priori.
D’autre part, la science n’est pas simplement reflet stérile
ou description analytique. Au contraire elle est construction
croissante, organisation synthétique. La connaissance
scientifique, sous peine d’être stérile tautologie
(simple explication analytique du contenu du sujet), doit
affirmer autre chose et plus que ce qui est déjà contenu
dans le sujet. Elle doit donc comporter des énoncés
synthétiques, c’est-à-dire des énoncés qui ne soient pas
simple explicitation de leur contenu mais qui, au contraire,
apportent du nouveau.
D’où peuvent venir de tels énoncés ? Ils ne peuvent plus
venir de l’objet qui est désormais relatif au sujet. Ils ne
peuvent venir que du sujet. Ils ne peuvent venir que de la
connaissance elle-même. C’est donc à l’intérieur de
celle-ci que doivent se trouver à la fois cette nécessité a
priori et cette constitution synthétique. Pour qu’il y ait
science il faut donc qu’il y ait dans l’acte même de la
connaissance scientifique quelque chose comme des
‘structures’ à la fois a priori et synthétiques.
224