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ne le permette. 1
Je peux donc imaginer qu'à la place d'un vrai Dieu, souveraine
source de vérité, il y a une espèce de mauvais
génie, puissant, rusé et trompeur, qui met toutes son
ingéniosité à me tromper. Dès lors, toutes les choses
extérieures que nous voyons et entendons, comme le
ciel, la terre,les couleurs, les figures, les sons, ne sont
que des illusions et des tromperies de notre crédulité
abusée. Je peux même me considérer moi-même étant
sans mains, sans yeux, sans chair, sans sang, sans
aucun sens, mais pensant à tort avoir tout cela.
Je dois donc rester fermement attaché à cette pensée. Et
si par ce moyen il m'est impossible de parvenir à la
connaissance d'aucune vérité, du moins est-il en mon
pouvoir de suspendre mon jugement. Suspendre mon
jugement... L'ultime attitude sceptique du sage. Mais
l'homme occidental, saisi de démesure, peut-il encore
laisser le dernier mot à la sagesse ?
Le recentrement de l’humain sur lui-même se clôt dans
son strict possible et trouve en sa créance quelque chose
d’entièrement indubitable. ‘Je pense donc je suis’. Cela
se conçoit clairement et distinctement. Voilà le fruit de
l’intuition évidente. Il suffit, à présent, selon la méthode,
d’en tirer les déductions nécessaires. C’est-à-dire l’enchaînement
sans faille à la manière de la géométrie.
La force de l’évidence doit venir désormais de la subjectivité
qui n’a plus besoin d’autre garant qu’elle-même.
C’est elle qui veut se poser comme fondatrice de la
1 Méditations métaphysiques (§ 9)
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