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Ce sont les crises qui sont motrices du progrès scientifique.
Le progrès des sciences signifie quelque chose
comme une révolution permanente.
La science est activité de l’esprit humain selon l’exigence
de la rationalité. Elle est la raison en acte à travers le
donné naturel qu’elle tente de soumettre progressivement
à son empire. La science est donc conquête
permanente, proprement infinie, à travers le temps. A
chaque moment du temps, elle représente aussi son état
d’avancement ainsi que l’ensemble de ses acquis. Le
concept de ‘science’ prend ainsi deux acceptions
différentes. Il faut distinguer d’une part, la science
constituée à tel moment, c’est-à-dire l’ensemble des
connaissances, des faits, des lois et des théories. Et
d’autre part, la science constituante, à savoir l’activité
spécifiquement rationnelle de l’esprit humain constitutrice
de science.
Distinction capitale qui interdit en même temps de
sacraliser la science. La science n’est pérenne qu’en tant
que science constituante, c’est-à-dire dans son propre
dépassement. En tant que science constituée elle est
toujours historiquement contingente, c’est-à-dire à dépasser.
Que reste-t-il aujourd’hui de la science constituée au dixneuvième
siècle sinon précisément les échelons épistémologiques
que le ‘progrès’ de la science a laissés
derrière lui ? Ce qui pose par rapport à la prétention
‘scientifique’ du marxisme une alternative: ou bien le
marxisme est message de type ‘religieux’ se traduisant
en doctrine universelle et éternelle, ou bien il est science.
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