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Inégalités et discriminations - Le Monde

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modifier la loi Informatique <strong>et</strong> libertés. L’amendement laissait inchangé l’article 8-I,<br />

qui interdit le traitement des données sensibles, dont celles relatives aux « origines<br />

raciales <strong>et</strong> <strong>et</strong>hniques », mais il modifiait l’article 8-II sur quatre points :<br />

- la plus importante, de loin, était l’ajout d’une neuvième dérogation, concernant<br />

« les traitements nécessaires à la conduite d'études sur la mesure de la<br />

diversité des origines des personnes, de la discrimination <strong>et</strong> de l'intégration »,<br />

assortie d’une condition stricte d’anonymat : « la présentation des résultats du<br />

traitement de données ne peut en aucun cas perm<strong>et</strong>tre l'identification directe ou<br />

indirecte des personnes concernées » ;<br />

- la CNIL aurait la possibilité de déférer le proj<strong>et</strong> de telles études devant un<br />

comité spécial nommé par décr<strong>et</strong> « lorsque la complexité de l'étude le justifie »,<br />

équivalent au CCTIRS pour les enquêtes sur la santé ;<br />

- le fait d’obtenir le consentement écrit des personnes ne dispenserait plus le<br />

responsable de l’opération de solliciter l’autorisation préalable de la CNIL ;<br />

- enfin, la dérogation n° 7, jusque là réservée à l’INSEE <strong>et</strong> aux services statistiques<br />

des ministères, serait étendue aux « services producteurs d'informations<br />

statistiques définis par un décr<strong>et</strong> en Conseil d'État » après avis du CNIS, l’idée<br />

étant d’y inclure les organismes de recherche déjà soumis à la loi de 1951.<br />

<strong>Le</strong>s trois dernières propositions étaient plutôt d’ordre technique. Il s’agissait<br />

d’harmoniser les procédures, avec toutefois deux eff<strong>et</strong>s de sens contraire : d’un côté,<br />

le durcissement des conditions à remplir, puisqu’une troisième instance de contrôle<br />

s’ajoutait au CNIS <strong>et</strong> à la CNIL sur le modèle de la procédure déjà imposée aux<br />

recherches sur la santé ; de l’autre côté, une plus grande latitude aux instituts de<br />

recherche effectuant des études quantitatives. Ces trois propositions ne rencontrèrent<br />

pas d’objection frontale.<br />

La première, en revanche, suscita un débat passionné à travers le pays. Quel sens<br />

y avait-il à introduire une dérogation spéciale en faveur des « études sur la mesure de<br />

la diversité des origines des personnes » ? Deux interprétations s’opposaient 77 .<br />

Pour la CNIL, il n’y avait là rien de bien nouveau. À maintes reprises déjà, elle<br />

avait reconnu la finalité de ce type d’études en lui accordant le bénéfice de telle ou<br />

telle dérogation prévue à l’article 8 : selon le cas, la dérogation justifiée par l’intérêt<br />

public, par le recueil du consentement écrit, par le statut spécial de l’INSEE ou, en<br />

amont, par l’existence d’un dispositif totalement anonyme. Aux yeux de la CNIL, ces<br />

divers cas de figure étaient excessivement dispersés. <strong>Le</strong>s réunir sur une dérogation<br />

bien identifiée répondait d’abord à un besoin de cohérence. Elle voyait dans la<br />

modification de l’article 8-II une occasion de consolider la jurisprudence construite au<br />

fil des ans depuis le début des années 1990. Un autre objectif était de faciliter le<br />

travail des opérateurs <strong>et</strong> des chercheurs. Pour autant, la CNIL ne voulait pas relâcher<br />

77 On ne reviendra pas ici sur le débat politique <strong>et</strong> médiatique particulièrement virulent qui<br />

entoura en octobre-novembre 2007 le vote de la loi relative à l’immigration, si ce n’est pour rappeler<br />

qu’il entra en résonance avec les discussions sur le questionnaire de l’enquête TEO soumis au CNIS à la<br />

même époque par l’INED <strong>et</strong> par l’INSEE, qui contenait des questions sur la perception des origines <strong>et</strong> sur<br />

la couleur de la peau. Pour l’instant, du moins, un récit consensuel de c<strong>et</strong> épisode semble encore hors<br />

de portée.<br />

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