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Inégalités et discriminations - Le Monde

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elatives aux origines (comme l’avait préconisé en octobre 2007 l’amendement à la<br />

loi Hortefeux rej<strong>et</strong>é par le Conseil constitutionnel), car ce serait ruiner le principe<br />

même. <strong>Le</strong> traitement de données sensibles sur les origines est donc possible, mais il<br />

l’est au prix d’une vigilance accrue <strong>et</strong> d’une procédure rigoureuse, qui doivent ellesmêmes<br />

rester proportionnées aux risques encourus, sans poser d’obstacles irréalistes<br />

<strong>et</strong> indus.<br />

R13.<strong>Le</strong>s règles à respecter sont complexes <strong>et</strong> les auteurs de traitements statistiques en<br />

ont une connaissance si approximative que certains s’en affranchissent. Pour réduire<br />

l’insécurité juridique, le COMEDD invite la CNIL à se concerter avec les opérateurs<br />

concernés pour doter d’un cadre sécurisé le traitement des données sensibles<br />

nécessaires à la lutte contre les <strong>discriminations</strong>. Ce cadre sécurisé doit s’appliquer<br />

aussi bien à la statistique publique qu’aux entreprises <strong>et</strong> autres organismes, ainsi<br />

qu’à la recherche publique <strong>et</strong> aux études du secteur privé. Il doit satisfaire deux<br />

exigences principales <strong>et</strong> non concurrentes : le respect intraitable de la vie privée <strong>et</strong><br />

des libertés publiques, <strong>et</strong> la diffusion de l’information indispensable au<br />

fonctionnement d’une société démocratique soucieuse de mieux se connaître.<br />

R14.La mise en place d’un cadre sécurisé n’appelle pas de réforme législative de la loi<br />

Informatique <strong>et</strong> libertés. Il s’agit pour l’essentiel de changer les normes de collecte <strong>et</strong><br />

de diffusion des données pour les adapter à un cadre plus ouvert tout en étant<br />

contrôlé. <strong>Le</strong> cadre sécurisé n’est pas synonyme d’une systématisation de la collecte<br />

de données sur l’origine, mais d’une stratégie différenciée selon les lieux de collecte<br />

<strong>et</strong> le contenu des données. <strong>Le</strong> recours à des normes simplifiées pour les données sur<br />

la nationalité <strong>et</strong> le pays de naissance constitue une solution opérationnelle. Il s’agit<br />

de simplifier leur collecte <strong>et</strong> diffusion dans les fichiers <strong>et</strong> les enquêtes où leur recueil<br />

est pertinent <strong>et</strong> proportionné aux finalités poursuivies, tout en veillant à ne pas les<br />

collecter dans les fichiers où ces données ne s’imposent pas. Pour les données sur la<br />

nationalité <strong>et</strong> le pays de naissance des parents, leur introduction dans le<br />

recensement, dans les enquêtes récurrentes de la statistique publique <strong>et</strong> dans<br />

certains fichiers de gestion doit être accompagnée de normes de diffusion<br />

spécifiques à définir par la CNIL en concertation avec le CNIS, l’INSEE <strong>et</strong> la HALDE.<br />

Enfin, les données sur l’appartenance seront traitées dans un cadre ad hoc <strong>et</strong> clarifié,<br />

qui ne peut s’inscrire dans une statistique de routine.<br />

R15.Il convient à c<strong>et</strong> égard de mesurer la portée de la décision du Conseil constitutionnel<br />

du 15 novembre 2007, selon laquelle les traitements des études statistiques<br />

sur la diversité « ne sauraient reposer sur l’origine <strong>et</strong>hnique » sans contredire le principe<br />

de l’égalité des citoyens « devant la loi » affirmé dans l’article 1 er de la Constitution.<br />

Interprété à la l<strong>et</strong>tre, c<strong>et</strong> interdit n’est pas conciliable avec l’approbation apportée<br />

par le même Conseil à l’utilisation d’indicateurs « objectifs » tels que « le nom,<br />

l’origine géographique, la nationalité antérieure <strong>et</strong> le pays de naissance » pour décrire les<br />

origines des Français. Il en va de même de la précision ultérieure apporté par les<br />

Cahiers du Conseil constitutionnel sur les données issues du « ressenti d’appartenance »,<br />

qui pourraient également faire l’obj<strong>et</strong> de traitement sans contredire l’article 1 er de la<br />

Constitution. On peut s’inspirer directement de l’interprétation fournie par le<br />

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