Inégalités et discriminations - Le Monde
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Comité de réflexion sur le préambule de la Constitution pour conclure que les<br />
traitements statistiques faisant référence à l’origine <strong>et</strong>hnique ou raciale ne sont pas<br />
en contradiction avec l’article 1 er de la Constitution dès lors que ces traitements :<br />
- s’inscrivent dans les dérogations prévues par la loi Informatique <strong>et</strong><br />
libertés modifiée en 2004 ;<br />
- ne conduisent pas à la création d’un « référentiel <strong>et</strong>hno-racial » ;<br />
- n’entrent pas dans un programme d’action préférentielle sur base <strong>et</strong>hnoraciale<br />
(« discrimination positive ») ;<br />
- ne sont pas conduits sur des fichiers de gestion, qu’ils soient publics ou<br />
privés.<br />
R16.La loi Informatique <strong>et</strong> libertés restreint non seulement la collecte des données mais<br />
leur diffusion. L’un des critères importants déterminant le contenu des données qui<br />
seront accessibles aux utilisateurs est celui de « l’indirectement nominatif ». Il<br />
s’impose notamment pour la diffusion de données sur les professions, le pays de<br />
naissance <strong>et</strong> la nationalité. Il conditionne surtout l’accès aux données géographiques<br />
communales <strong>et</strong> infra-communales, nécessaires à l’étude de la ségrégation. Il n’existe<br />
pas de norme précise pour définir « l’indirectement nominatif » <strong>et</strong> il serait<br />
souhaitable que la CNIL <strong>et</strong> le CNIS puissent clarifier les pratiques en la matière pour<br />
éviter toute réduction excessive de la diffusion de l’information statistique.<br />
R17.Conformément au principe de circulation à sens unique proclamé dans la loi<br />
Informatique <strong>et</strong> liberté, les scientifiques peuvent utiliser des fichiers administratifs<br />
pour en extraire des échantillons ou une base d’études, mais sans que la réciproque<br />
soit possible : aucune donnée personnelle issue d’une analyse statistique des<br />
<strong>discriminations</strong> ne doit faire r<strong>et</strong>our vers les fichiers de gestion <strong>et</strong> donner lieu à<br />
une décision portant sur une personne.<br />
En eff<strong>et</strong>, les études <strong>et</strong> recherches ne visent pas à identifier les cas<br />
individuels de discrimination mais uniquement à livrer des données<br />
statistiques sur la fréquence relative des phénomènes de discrimination<br />
<strong>et</strong> sur leur mécanisme, à l’échelle d’une population, d’un établissement<br />
ou de son environnement. Il convient de rappeler que ces extractions de<br />
fichiers à sens unique se font sous le régime de l’autorisation préalable<br />
de la CNIL <strong>et</strong> non pas de la simple déclaration.<br />
R18.<strong>Le</strong>s précautions à r<strong>et</strong>enir pour traiter les données s’appliquent également aux<br />
analyses qui sont conduites. <strong>Le</strong>s <strong>discriminations</strong> selon l’origine doivent s’étudier<br />
sur fond d’inégalités sociales, pour faciliter les analyses multicritères « toutes<br />
choses égales par ailleurs ». Dans la mesure du possible, les données recueillies sur<br />
les origines devront s’accompagner de données sur les inégalités :<br />
- données sur les composantes de la méritocratie : années d’études, niveau<br />
de formation, diplômes, compétences ;<br />
- données sur les principales sources potentielles d’inégalité observables à<br />
la naissance : sexe, génération, structure familiale dans la jeunesse<br />
(notamment famille monoparentale <strong>et</strong> taille de la fratrie), type d’habitat<br />
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