Inégalités et discriminations - Le Monde
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l’étranger, relèvent des <strong>et</strong>hnic studies, bien que l’auteur se déclare pour sa part opposé<br />
aux « statistiques <strong>et</strong>hniques ». <strong>Le</strong> paradoxe n’est qu’apparent : l’approche qu’il adopte<br />
est à la fois républicaine <strong>et</strong> <strong>et</strong>hnique.<br />
Même observation pour le travail d’un universitaire américain qui a exploité<br />
récemment la même source <strong>et</strong> qui use de catégories en tout point analogues (Maxwell<br />
2009). Patrick Weil, dans sa préface, félicite l’auteur d’avoir démontré qu’on pouvait<br />
se passer de statistiques <strong>et</strong>hniques. Elles fournissent pourtant un bel exemple de<br />
statistiques <strong>et</strong>hniques dans l’acception courante du terme en Europe. La source du<br />
paradoxe se comprend aisément : un praticien des statistiques <strong>et</strong>hniques au sens faible<br />
peut dénoncer de bonne foi le péril des statistiques <strong>et</strong>hniques au sens fort. Nulle<br />
contradiction par conséquent, mais la nécessité de marquer la frontière qui sépare<br />
l’<strong>et</strong>hnicité lato sensu de l’<strong>et</strong>hnicité stricto sensu, voire de l’<strong>et</strong>hno-racial.<br />
Catégories <strong>et</strong>hniques lato sensu : la ségrégation <strong>et</strong>hnique des collèges approchée par<br />
les prénoms (G. Felouzis)<br />
Pour George Felouzis, auteur d’une enquête sur la ségrégation <strong>et</strong>hnique dans les<br />
collèges de l’académie de Bordeaux, « les catégories <strong>et</strong>hniques ne sont pas seulement des<br />
catégories indigènes. Elles sont devenues des catégories légitimes de la sociologie, dès lors<br />
qu’il s’agit de questionner la capacité d’intégration de la société française » (Felouzis 2008 :<br />
129). Encore sulfureux il y a une dizaine d’années, leur usage s’est banalisé. Felouzis<br />
regroupe sous le vocable « <strong>et</strong>hnique » toute référence aux origines étrangères ou ultramarines<br />
quels que soient les indicateurs r<strong>et</strong>enus, directs ou indirects.<br />
Lui-même est l’auteur d’une étude sur la ségrégation <strong>et</strong>hnique dans les collèges<br />
de l’Académie de Bordeaux qui eut les honneurs de la presse nationale (Felouzis<br />
2003). Effectuée à partir des prénoms figurant sur les fichiers de gestion, c<strong>et</strong>te<br />
enquête n’a pas été soumise à l’aval de la CNIL, au motif qu’il s’agissait d’une enquête<br />
sur dossiers menée avec l’accord de l’académie <strong>et</strong> ne prévoyant aucune interrogation<br />
directe des élèves. L’ampleur de la ségrégation <strong>et</strong>hnique mise en évidence est<br />
considérable, puisque 10 % des collèges scolarisent 40 % des élèves porteurs de<br />
prénoms « originaires du Maghreb, d’Afrique ou de Turquie ». Or l’Académie de<br />
Bordeaux compte seulement 7 % de collégiens porteurs de tels patronymes. Pareille<br />
étude mériterait d’être étendue à des académies où la part de l’immigration est très<br />
supérieure.<br />
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