Inégalités et discriminations - Le Monde
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<strong>Le</strong> premier résultat est le faible taux de non-réponse à c<strong>et</strong>te question (6 %),<br />
auxquels s’ajoutent les 2 % de répondants qui récusent le cadre proposé en livrant<br />
des réponses universalistes : « humain », « terrien », « une personne », « incolore ».<br />
Second résultat, seuls 12 % des enquêtés se disent gênés ou fortement gênés par<br />
ce type de question. <strong>Le</strong> niveau d’acceptabilité est donc relativement élevé puisque<br />
trois répondants sur quatre disent tout à fait « à l’aise » pour parler de leurs<br />
origines en ces termes <strong>et</strong> dans le dispositif d’enquête sécurisé qui était celui de<br />
l’expérience. Si l’acceptabilité varie peu selon le sexe, l’âge, le diplôme ou la classe<br />
sociale, elle se différencie plus n<strong>et</strong>tement en fonction de l’origine. Face aux<br />
catégories <strong>et</strong>hno-raciales, les immigrés (17 %) <strong>et</strong> leurs descendants directs (19 %)<br />
sont deux fois plus réticents que les personnes sans ascendance immigrée. <strong>Le</strong>s<br />
réserves atteignent 28 % chez les personnes se déclarant « Arabes ou berbères »,<br />
tandis qu’elles reculent à 9 % <strong>et</strong> 11 % respectivement chez les « Noirs » <strong>et</strong> chez les<br />
« Blancs ». Mais partout, y compris parmi les personnes d’origine maghrébine ou se<br />
déclarant « Arabes », le taux d’acceptation des classifications <strong>et</strong>hno-raciales dépasse<br />
50 %.<br />
Comment expliquer ce malaise minoritaire mais spécifique des répondants<br />
d’origine maghrébine, par contraste avec la position des personnes originaires des<br />
DOM ou d’Afrique sub-saharienne ? À titre d’hypothèse, on peut suggérer que les<br />
personnes confrontées à l’hyper-visibilité n’ont d’autre choix que de composer<br />
avec c<strong>et</strong>te dimension incontournable de leur identité. C’est ce que traduisent les<br />
commentaires des personnes se classant comme « noires » qui affirment parfois leur<br />
« fierté » <strong>et</strong>, plus encore, le caractère « évident » de leur couleur de peau dans la vie<br />
sociale. À l’inverse, une partie des Français d’origine maghrébine ne peuvent se<br />
reconnaître dans une catégorie qui les sépare du groupe majoritaire ; ils peuvent<br />
vivre ce rappel des origines comme la négation d’une assimilation pleinement<br />
revendiquée, sur laquelle il n’est pas nécessaire de revenir. Ces réactions ne<br />
peuvent être que renforcées par le contexte français de forte hostilité à l’égard des<br />
références <strong>et</strong>hno-raciales.<br />
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