Inégalités et discriminations - Le Monde
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ampleur ni la même signification. On s’efforcera ici de reprendre la question en toute<br />
sérénité <strong>et</strong> sans a priori.<br />
2 – « Santé »<br />
Dans la liste des données sensibles énumérée dans la loi Informatique <strong>et</strong> libertés,<br />
la santé est une nouvelle venue de 2004, inspirée du texte communautaire. Depuis la<br />
loi n° 94-548 du 1er juill<strong>et</strong> 1994, qui a modifié la loi de 1978, les enquêtes opérant<br />
dans le domaine de la santé doivent suivre une procédure spéciale : elles doivent<br />
obtenir, préalablement à la saisine de la CNIL, l’avis positif d’un comité spécialisé du<br />
ministère de la Recherche, le Comité consultatif sur le traitement de l'information en<br />
matière de recherche dans le domaine de la santé (CCTIRS). Ce comité ém<strong>et</strong> un avis<br />
sur la méthodologie de la recherche <strong>et</strong> sur l’opportunité de recourir à des données<br />
personnelles pour la mener.<br />
La CNIL souhaiterait imposer une procédure analogue aux enquêtes mobilisant<br />
des données sur les origines raciales ou <strong>et</strong>hniques. Elle s’est exprimée en ce sens dans<br />
ses recommandations de 2007 <strong>et</strong> c’était l’une des propositions incluses dans le<br />
fameux amendement à la loi Hortefeux, dit amendement des statistiques <strong>et</strong>hniques<br />
(octobre 2007). <strong>Le</strong> juge constitutionnel ayant censuré l’amendement, le vœu de la<br />
CNIL n’a pas été satisfait.<br />
3 – « Vie sexuelle »<br />
La sexualité ne figurait pas dans la liste des données sensibles promulguée en<br />
1978. La loi du 16 décembre 1992 l’a modifiée sur ce point en introduisant la notion<br />
de « mœurs », expression jugée trop restrictive par la mission Braibant, qui proposa<br />
de lui substituer « vie sexuelle », entérinée par la loi de 2004. « Vie sexuelle » comprend<br />
aussi bien l’orientation sexuelle que le comportement sexuel (qui peut varier pour<br />
une même orientation).<br />
Il comprend également les mutilations génitales des femmes immigrées originaires<br />
d’Afrique subsaharienne, dont certaines sont citoyennes françaises. Abordée<br />
récemment par une enquête conjointe de l’INED <strong>et</strong> de l’Institut de démographie de<br />
l’Université de Paris I, l’excision est un suj<strong>et</strong> ultrasensible qui aborde de front des<br />
questions de santé publique, de genre <strong>et</strong> d’<strong>et</strong>hnicité. <strong>Le</strong> taux d’excision varie en eff<strong>et</strong><br />
très fortement selon l’<strong>et</strong>hnie d’origine, si bien qu’il est impossible d’expliquer sa<br />
prévalence par des facteurs purement médicaux ou sociodémographiques.<br />
À noter que la « vie sexuelle » inclut également les questions de transexuation ou<br />
d’intersexuation, avec leur cortège d’opérations chirurgicales <strong>et</strong> de mutilations plus<br />
ou moins forcées, souvent vécues par les intéressés comme une forme de<br />
discrimination.<br />
4 - « Opinions philosophiques »<br />
« Opinions philosophiques » fait partie de ces ellipses que s’autorise parfois la<br />
langue juridique. Cela ne concerne pas le kantisme, la déconstruction de Derrida ou<br />
l’ironisme de Rorty mais, semble-t-il, les religions sans dieu venues d’Extrême-Orient<br />
<strong>et</strong>, surtout, la franc-maçonnerie, qui fut persécutée sous Vichy. D’où l’inclusion des<br />
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