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Inégalités et discriminations - Le Monde

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5. Déclaration sur la perception par autrui (« auto-hétéro-perception ») : en question<br />

ouverte (« comment pensez-vous que les autres vous perçoivent ? ») ou en<br />

question ciblée (« pensez-vous être perçu comme noir ? Si oui, quelles conséquences<br />

cela a-t-il sur votre vie quotidienne ? »).<br />

6. Classification <strong>et</strong>hno-raciale par un tiers de type : « blanc, asiatique, noir, maghrébin,<br />

autre » : utilisée en France dans plusieurs cas de figure : les sondages du CSA<br />

sur la diversité dans les médias, les enquêtes de l’Open Soci<strong>et</strong>y Institute 109 sur<br />

les contrôles de police dans des lieux publics parisiens <strong>et</strong> certains testings.<br />

à lanalyse juridique<br />

<strong>Le</strong> COMEDD constate que toutes ces méthodes sont « sensibles » au sens de la loi<br />

Informatique <strong>et</strong> libertés, à l’exception de la première (pays de naissance ou ancienne<br />

nationalité de l’individu). Il s’agit donc d’apprécier la licéité <strong>et</strong> la pertinence des<br />

autres méthodes.<br />

Contrairement à une idée répandue, il n’existe pas en France d’interdiction<br />

absolue à traiter statistiquement des données sensibles : l’article 8 de la loi Informatique<br />

<strong>et</strong> libertés énonce une interdiction de principe sur le traitement des données sensibles,<br />

y compris <strong>et</strong>hniques <strong>et</strong> raciales, mais assortie de 9 dérogations (consentement, traitement<br />

par l’INSEE, intérêt public, défense d’un droit en justice, anonymat à la source, <strong>et</strong>c.). La<br />

CNIL apprécie les dérogations possibles pour chaque dossier qui lui est soumis. Elle a<br />

maintes fois reconnu ce droit à la statistique publique <strong>et</strong> aux organismes de<br />

recherche, qui ont ainsi pu m<strong>et</strong>tre en œuvre les méthodes de type 2 à 4.<br />

Sur la deuxième méthode, la CNIL a évolué : le pays de naissance <strong>et</strong> la nationalité<br />

des parents ne sont plus des données « sensibles » si la finalité de l’enquête le justifie.<br />

La CNIL a même recommandé en 2007 de les introduire dans le recensement.<br />

En revanche, elle a toujours été réticente sur le recours aux patronymes quand il<br />

vise à identifier des groupes (le COMEDD a découvert que la plupart des enquêtes <strong>et</strong><br />

testings patronymiques n’ont pas été déclarés à la CNIL <strong>et</strong> ont été menés à l’insu des<br />

intéressés).<br />

<strong>Le</strong> Conseil constitutionnel, dans sa décision du 15 novembre 2007, éclairée par<br />

deux commentaires successifs des Cahiers du Conseil (novembre 2007 puis mars 2008),<br />

n’est pas revenu sur les dispositions de la loi Informatique <strong>et</strong> libertés. <strong>Le</strong> COMEDD<br />

estime en conséquence qu’il n’y a pas lieu de réviser la loi.<br />

<strong>Le</strong> COMEDD a relu de près le rapport du Comité de réflexion sur le préambule de la<br />

Constitution présidé par M me Veil (décembre 2008). Celui-ci dit expressément des<br />

« statistiques <strong>et</strong>hniques » que « le comité, pas plus que l’immense majorité des scientifiques,<br />

ne comprendrait qu’elles soient interdites, tant il est vrai que la lutte contre les <strong>discriminations</strong><br />

suppose de pouvoir les mesurer ». S’inspirant des interprétations du comité Veil,<br />

le COMEDD souligne deux aspects de la décision du Conseil constitutionnel :<br />

- elle énonce d’abord le principe général selon lequel « les études sur la mesure<br />

de la diversité, l’intégration <strong>et</strong> la discrimination ne sauraient reposer sur des<br />

données <strong>et</strong>hniques <strong>et</strong> raciales sans méconnaître l’article 1 er de la Constitution » sur<br />

109 Fondation Soros.<br />

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