04.10.2014 Views

Inégalités et discriminations - Le Monde

Inégalités et discriminations - Le Monde

Inégalités et discriminations - Le Monde

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

deux questions tant que l’on en reste aux catégories exclusives (noir, blanc…), mais<br />

que des variations significatives apparaissent dès que la visibilité de la catégorie est<br />

limitée ou qu’on affaire à des origines métissées. On sait, par exemple, que les<br />

American Indians se déclarent comme tels bien plus souvent qu’ils ne sont perçus.<br />

Pour la France, l’enquête Mesure de la diversité proposait également de déclarer<br />

une auto-hétéro-identification (fig. 7 <strong>et</strong> tabl. 2). <strong>Le</strong> croisement des deux modes de<br />

déclaration montre une relative symétrie des points de vue pour les personnes<br />

ayant opté pour des catégories exclusives (blanc, noir, arabe). Celles qui se disent<br />

métissées ont conscience, en revanche, qu’elles sont souvent rabattues par autrui<br />

sur une seule de leurs origines.<br />

Comment répondre au défi statistique du « métissage » ?<br />

Un argument majeur dans le débat sur les statistiques d’origine est l’obstacle<br />

que représenterait pour la classification la réalité du « métissage » ou la pluralité des<br />

origines pour une même personne. L’argument vise à contester le réalisme de la<br />

classification en avançant l’irréductible multiplicité de l’identité des « métis » qui ne<br />

peut dès lors se refermer sur une catégorie unique. On r<strong>et</strong>rouve là une question<br />

classique que nous avons déjà rencontrée dans le cas des ascendances multiples<br />

envisagée du seul point de vue des nationalités ou des pays de naissance, mais<br />

avec une dimension spécifique liée à la notion même de métissage dont on dira<br />

quelques mots avant d’exposer les réponses pratiques des statisticiens.<br />

<strong>Le</strong> « métissage » en France : quelle signification ? quelle réalité ?<br />

En premier lieu, le métissage étant par définition un concept racial, il y a<br />

quelque paradoxe à invoquer sa réalité pour récuser le principe d’une catégorisation<br />

raciale. Dire du président Obama qu’il est métis (comme on le rappelle<br />

volontiers en France), c’est se référer au fait qu’il est né d’une mère blanche <strong>et</strong> d’un<br />

père noir. La notion de métissage ne nie pas l’existence des races, elle les présuppose.<br />

Elle implique l’existence de caractéristiques qui préexistent au mélange.<br />

En opposant le métissage aux catégories raciales, on explique en somme que « le<br />

mélange des races interdit de parler de races ». C<strong>et</strong>te observation ne signifie qu’il faille<br />

renoncer à réfuter leur existence comme entités biologiques séparées, mais simplement<br />

qu’il est inévitable, dans le cheminement d’un argumentaire antiraciste, de<br />

manier des critères raciaux, quitte à les réfuter ou à les redéfinir dans un second<br />

temps.<br />

En second lieu, l’hypothèse d’un taux de métissage élevé dans la société<br />

française est vraisemblable, compte tenu de la contribution importante des migrations<br />

au peuplement de la France depuis le XIX e siècle. Mais que sait-on de son<br />

ampleur dans les dernières générations <strong>et</strong> du sens de son évolution ? Pas grand<br />

chose, faute de données suffisantes, y compris si l’on s’en tient aux données tirées<br />

de l’état civil. En eff<strong>et</strong>, on peut avoir en France une idée des mariages mixtes en<br />

prenant pour critère la nationalité respective des conjoints (enregistrée à l’état civil)<br />

63

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!