Inégalités et discriminations - Le Monde
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13. adm<strong>et</strong>tre, sous certaines conditions, l’analyse des prénoms <strong>et</strong> des patronymes<br />
pour détecter d’éventuelles pratiques discriminatoires ;<br />
14. modifier la loi Informatique <strong>et</strong> libertés pour assurer une meilleure protection<br />
des données sensibles en garantissant le caractère scientifique des recherches <strong>et</strong><br />
en harmonisant les procédures de contrôle des fichiers de recherche ;<br />
15. refuser en l’état la création d’un référentiel national « <strong>et</strong>hno-racial » ;<br />
16. développer le recours à des experts, tiers de confiance, pour mener les études<br />
de mesure de la diversité ;<br />
17. garantir la confidentialité <strong>et</strong> l’anonymat par le recours aux techniques d’anonymisation<br />
;<br />
18. garantir l’effectivité des droits « Informatique <strong>et</strong> Libertés » en assurant la transparence.<br />
La quatrième recommandation attire l’attention : c’est la première fois qu’un texte<br />
officiel évoque le « ressenti des <strong>discriminations</strong> » (<strong>et</strong> non pas le « ressenti d’appartenance<br />
»), formule empruntée à certains proj<strong>et</strong>s de recherche qui avaient été soumis à<br />
la CNIL. La même recommandation ouvre la voie aux études sur « l’apparence physique<br />
des personnes », en d’autres termes le phénotype <strong>et</strong> la couleur de peau, mais c<strong>et</strong>te<br />
proposition audacieuse était assortie d’une série de préalables <strong>et</strong> de précautions ; les<br />
questions sur l’apparence physique devaient être :<br />
- facultatives ;<br />
- ouvertes (sans nomenclature préétablie) ;<br />
- précédées de tests d’acceptabilité ;<br />
- validées par une instance scientifique indépendante s’ajoutant au CNIS <strong>et</strong> à<br />
la CNIL ;<br />
- faire partie d’une enquête menée par la statistique publique.<br />
Dans sa septième recommandation, la CNIL mentionne, <strong>et</strong> là encore pour la première<br />
fois, un « référentiel <strong>et</strong>hno-racial », dont elle rej<strong>et</strong>te le principe « en l’état ». Si un<br />
tel référentiel devait être créé, précise-t-elle, ce serait uniquement par le vote d’une<br />
loi à soum<strong>et</strong>tre au Conseil constitutionnel. La CNIL n’a donc pas appelé de ses vœux<br />
la création d’un tel référentiel ; elle a dûment rappelé qu’une telle création, si, elle<br />
devait se faire, nécessiterait le cas échéant un contrôle juridictionnel au plus haut<br />
niveau.<br />
<strong>Le</strong>s dix recommandations de la CNIL reçurent globalement un accueil positif. On<br />
les jugea à la fois novatrices <strong>et</strong> pondérées. Si le quotidien Libération regr<strong>et</strong>ta que la<br />
Commission ne soit pas allée plus loin pour satisfaire les demandes des entreprises<br />
soucieuses de lutter plus efficacement contre les <strong>discriminations</strong>, la majorité de la<br />
presse était plutôt sensible à la solidité des garanties apportées à c<strong>et</strong> usage raisonné<br />
des statistiques <strong>et</strong>hniques.<br />
CNIS <strong>et</strong> CNIL : un contrôle renforcé pour le système statistique public<br />
Selon la mission Braibant, la révision de la loi Informatique <strong>et</strong> libertés en 2004<br />
devait m<strong>et</strong>tre fin à la summa divisio (ou bifurcation majeure) qui séparait les opérateurs<br />
publics des opérateurs privés dans la loi de 1978. <strong>Le</strong> critère déterminant devait<br />
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