Inégalités et discriminations - Le Monde
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Vers un observatoire des <strong>discriminations</strong><br />
Avant d’entrer dans les recommandations concrètes à apporter à l’organisation<br />
de la collecte des données <strong>et</strong> leur contenu, il convient de préciser dans quel dispositif<br />
de lutte contre la discrimination les statistiques pourraient s’inscrire <strong>et</strong> pour quels<br />
usages, selon le COMEDD, elles devraient être constituées.<br />
Un dispositif de veille statistique pour la lutte contre les <strong>discriminations</strong><br />
<strong>Le</strong> dispositif français de lutte contre les <strong>discriminations</strong> ne fait à ce jour qu’un<br />
usage marginal ou très intermittent des statistiques, que ce soit à des fins de<br />
connaissance, de diagnostic, d’action ou de réparation. La France se situe sur ce point<br />
très en r<strong>et</strong>rait des recommandations de l’Union européenne. On impute volontiers<br />
c<strong>et</strong>te situation au refus d’importer les catégorisations <strong>et</strong>hno-raciales américaines ou<br />
britanniques, qui traduisent, il est vrai, un autre modèle de société. Mais le constat<br />
d’un usage marginal des statistiques antidiscrimination en France reste vérifié quand<br />
on s’en tient aux critères privilégiés par la statistique républicaine, à savoir les pays<br />
de naissance <strong>et</strong> les nationalités sur deux générations. Bien que la loi <strong>et</strong> la jurisprudence<br />
l’autorisent dans des conditions très précises, décrites en détail dans le<br />
présent rapport, les difficultés à collecter des données sur l’origine <strong>et</strong>hnique,<br />
l’apparence physique, le handicap, la religion ou l’orientation sexuelle, sont encore<br />
telles en France que les politiques d’action contre les <strong>discriminations</strong> ont dû<br />
privilégier le traitement judiciaire, d’une part, <strong>et</strong> l’autorégulation des entreprises, de<br />
l’autre — d’où la profusion d’actions de sensibilisation sous des formes diverses<br />
(diffusion de bonnes pratiques, signature de chartes, délivrance de labels), dont<br />
l’efficacité est fortement réduite par l’absence d’un support statistique digne de ce<br />
nom.<br />
Une exception notable — outre le cas particulier du handicap — est l’égalité<br />
professionnelle entre les femmes <strong>et</strong> les hommes, qui fait l’obj<strong>et</strong> de la loi sur l’égalité<br />
professionnelle <strong>et</strong> de la loi sur la parité. Certes, les données statistiques distribuées<br />
selon le genre étaient abondantes mais éparses <strong>et</strong> notoirement sous-exploitées. <strong>Le</strong><br />
gouvernement a dû prendre des mesures pour mobiliser systématiquement les<br />
statistiques existantes sur la situation comparée des femmes <strong>et</strong> des hommes <strong>et</strong> inciter<br />
à en produire de nouvelles 135 . <strong>Le</strong>ur disponibilité est aujourd’hui sans équivalent<br />
pour les autres formes de discrimination. <strong>Le</strong> tournant pris au début des années 2000<br />
135 Circulaire du 8 mars 2000, signée de Lionel Jospin, premier ministre, relative à « l’adaptation<br />
de l’appareil statistique de l’État pour améliorer la connaissance de la situation respective des femmes<br />
<strong>et</strong> des hommes ».<br />
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