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Inégalités et discriminations - Le Monde

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être dorénavant le degré de sensibilité des données collectées, tous opérateurs<br />

confondus 66 . Force est de constater, cinq ans plus tard, qu’il n’en est rien. Dans les<br />

faits, les enquêtes du secteur public sont bien plus contrôlées que celles du secteur<br />

privé.<br />

En eff<strong>et</strong>, le secteur public — ou plus exactement ses activités nationales car c’est<br />

déjà moins vrai à l’échelle régionale ou départementale — n’est pas seulement<br />

assuj<strong>et</strong>ti à la loi Informatique <strong>et</strong> libertés mais également à la loi du 7 juin 1951 sur les<br />

statistiques. Ce double contrôle est renforcé quand les données sensibles ont trait à la<br />

diversité <strong>et</strong> aux <strong>discriminations</strong>. Dans la pratique, toutefois, un contrôle public<br />

centralisé tend à contrôler mieux le centre que la périphérie, le service public que les<br />

opérateurs privés. Ces derniers préfèrent l’autorégulation à la législation externe : ils<br />

recourent notamment aux chartes de déontologie ou aux labels délivrés par des<br />

organismes de certification. Reste à savoir si le hard law recule devant le soft law parce<br />

qu’il est inappliqué de fait ou parce qu’il est en soi inapplicable.<br />

<strong>Le</strong>s procédures de contrôle instaurées par la loi du 7 juin 1951 : le rôle du CNIS<br />

À la différence des sondages effectués par les instituts privés, les opérations de<br />

l’INSEE <strong>et</strong> des services statistiques des ministères (SSM) sont soumises à la loi n°57-711<br />

du 7 juin 1951 sur « l’obligation, la coordination <strong>et</strong> le secr<strong>et</strong> en matière de statistiques »,<br />

modifiée pour la dernière fois en mai 2009. Ce contrôle s’ajoute à celui qu’exerce la<br />

CNIL car la loi Informatique <strong>et</strong> libertés s’était abstenue de faire allusion à la loi de<br />

1951. Entrent en principe dans le champ de la loi de 1951 toutes les opérations de la<br />

statistique publique, dans une définition large englobant toute administration<br />

produisant des statistiques d’information générale : CNRS, INSERM, INED, IRD (Institut<br />

de recherches pour le développement), ainsi que les centres de recherche sous tutelle<br />

de certains ministères, tels le CEREQ (Centre d’étude <strong>et</strong> de recherches sur les qualifications<br />

dépendant du ministère de l’Éducation nationale), l’Office national de la<br />

délinquance, <strong>et</strong>c. En sont exemptes, en revanche, les enquêtes purement internes à<br />

une administration.<br />

<strong>Le</strong> doute subsiste sur la question de savoir s’il englobe les laboratoires propres<br />

des universités, comme l’IDUP (Institut de démographie de l’Université de Paris I).<br />

La loi de 1951 a créé une instance de contrôle spécifique placée auprès de l’INSEE,<br />

plusieurs fois réformée <strong>et</strong> consolidée, appelée aujourd’hui Conseil national de<br />

l’information statistique (CNIS) 67 . Inconnu du grand public <strong>et</strong> parfois confondu avec<br />

la CNIL, le CNIS est une assemblée consultative divisée en formations spécialisées<br />

(dont la formation Démographie-emploi) qui regroupe deux parlementaires, des<br />

représentants des « forces vives » (syndicats, chambres des métiers, organisations<br />

66 L’exposé des motifs de la loi de 2004 reprend directement sur ce point le rapport Braibant, qui<br />

tirait ainsi les conséquences de la directive de 1995 : « Seuls les traitements considérés comme générateurs<br />

de risques au regard des droits <strong>et</strong> libertés des personnes seront soumis à un régime d'autorisation préalable. <strong>Le</strong><br />

législateur doit ainsi déterminer les critères perm<strong>et</strong>tant de ranger un traitement dans c<strong>et</strong>te catégorie. La<br />

distinction entre les traitements mis en œuvre par les personnes publiques <strong>et</strong> ceux relevant des personnes<br />

privées, qui constitue la summa divisio de la loi actuelle [1978], n'est donc plus pertinente ».<br />

67 Historique téléchargeable depuis http://www.cnis.fr/ind_cnis.htm.<br />

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