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Inégalités et discriminations - Le Monde

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descendants des immigrés d’Europe du Sud (ce qui est normal pour une immigration<br />

ancienne), 82 % pour les originaires des départements d’Outre-mer, 88 % pour<br />

les descendants de migrants d’Afrique subsaharienne <strong>et</strong> 92 % pour ceux du<br />

Maghreb. On peut ainsi considérer que l’information obtenue par le pays de naissance<br />

<strong>et</strong> la nationalité des parents suffit à caractériser l’ascendance de la plupart<br />

des groupes aux effectifs significatifs, à l’exception des immigrations européennes<br />

déjà anciennes. Mais c<strong>et</strong>te évaluation est tributaire de la structure par âge des<br />

descendants d’immigrés <strong>et</strong> celle-ci connaît une évolution rapide.<br />

<strong>Le</strong> recueil des caractéristiques des grands-parents a également un coût certain<br />

de point de vue de la collecte. Il ajoute huit questions (deux par grand-parent). La<br />

précision requise pour les descendants de rapatriés nécessite encore une question<br />

supplémentaire par niveau de génération, soit sept en tout. <strong>Le</strong> protocole le plus<br />

compl<strong>et</strong> pour déterminer l’origine sur trois générations nécessite donc pas moins<br />

de 21 questions sur la nationalité <strong>et</strong> le pays de naissance concernant ego, ses<br />

parents <strong>et</strong> ses grands-parents, un fardeau que les enquêtés ne sont pas tous prêts à<br />

supporter.<br />

Par ailleurs, tout le monde ne connaît pas nécessairement la situation de ses<br />

grands-parents. La mémoire généalogique n’est guère cultivée dans les milieux<br />

populaires. <strong>Le</strong>s enquêtes FQP montrent, par exemple, que bien des Français<br />

(environ 20 %) ignorent la profession de leurs grands-pères, qu’ils n’ont pas<br />

connus ou guère connus, ce qui constitue une limite aux recherches sur la mobilité<br />

sociale. La nationalité soulève le même problème. Plus on remonte les générations,<br />

moins l’information recueillie est fiable.<br />

Au total, s’il reste vrai que l’information sur le pays de naissance <strong>et</strong> la nationalité<br />

des parents couvre une part significative des personnes exposées aux <strong>discriminations</strong><br />

du fait de leurs origines, il faut être conscient de l’existence de plusieurs<br />

limites :<br />

- il existe, via la définition usuelle de l’« immigré », une bonne adéquation<br />

entre la « seconde génération » <strong>et</strong> l’exposition aux <strong>discriminations</strong> liées à<br />

l’origine, mais cela ne doit pas faire oublier que les Français d’Outre-mer<br />

<strong>et</strong> leurs descendants installés en métropole sont également exposés à la<br />

discrimination ;<br />

- la déclaration « Français de naissance » pour des parents nés à l’étranger<br />

reste équivoque <strong>et</strong> imprécise ; elle ne suffit pas à distinguer sûrement les<br />

rapatriés des immigrés. Des solutions alternatives sont à explorer, dans le<br />

prolongement des tentatives de l’enquête TEO ;<br />

- d’ici une dizaine d’années, la « troisième génération » issue des grandes<br />

migrations des années 1960 <strong>et</strong> 1970 entrera progressivement dans la vie<br />

sociale. Si les mécanismes de discrimination ne se modifient pas d’ici là,<br />

ce qui est à craindre, la probabilité est forte que la troisième génération en<br />

fasse l’expérience à son tour, du fait notamment d’origines encore<br />

« visibles ». <strong>Le</strong>s nationalités <strong>et</strong> pays d’origine des parents ne seront plus<br />

d’aucun secours pour appréhender les phénomènes de discrimination ;<br />

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