Inégalités et discriminations - Le Monde
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sécurisés, interdiction formelle aux mairies de profiter du recensement pour recopier<br />
les bull<strong>et</strong>ins (y compris dans les p<strong>et</strong>ites communes), possibilité accordée à tout<br />
citoyen de m<strong>et</strong>tre son bull<strong>et</strong>in sous enveloppe <strong>et</strong> de l’adresser directement au<br />
superviseur de l’INSEE pour qu’il court-circuite l’agent recenseur (une possibilité<br />
surtout utilisée dans les p<strong>et</strong>ites communes), engagement déontologique écrit des<br />
agents sur la confidentialité. Tout cela représente une série importante de garanties,<br />
en sachant qu’il faudra m<strong>et</strong>tre à l’étude leur renforcement.<br />
La Ligue des droits de l’homme, très attentive à ces questions, a fait entendre sa<br />
voix au sein du COMEDD sur c<strong>et</strong>te question : elle ne voudrait pas que l’État accroisse le<br />
contrôle des origines à la faveur de l’introduction de questions sur les parents. Elle<br />
relève les cas de plus en plus nombreux de Français qui ne peuvent pas se prévaloir<br />
du double droit de sol (être né en France <strong>et</strong> avoir au moins un parent né en France)<br />
pour se voir reconnaître d’office la nationalité française <strong>et</strong> qui doivent, du coup,<br />
démontrer que leurs parents sont Français, eux-mêmes enfants de Français, <strong>et</strong>c.<br />
À cela deux réponses : c’est précisément un recensement comportant l’information<br />
sur l’état civil des parents qui pourra enfin nous donner une idée de l’ampleur<br />
de la population française née de parents nés à l’étranger, actuellement très mal<br />
connue : probablement 20 %, voire davantage, si l’on additionne les enfants<br />
d’immigrés <strong>et</strong> les enfants de Français des anciennes colonies. <strong>Le</strong> recensement<br />
révélera au grand jour que le fait d’avoir des parents nés à l’étranger, loin de<br />
représenter une frange marginale de Français, en représente une fraction massive.<br />
La deuxième réponse est le corollaire de la première. Pourquoi faire du<br />
recensement la propriété de l’État ? <strong>Le</strong> recensement est à tous les Français <strong>et</strong> même à<br />
tous les résidents de la France. À condition, bien entendu, de l’exploiter <strong>et</strong> de le<br />
diffuser de façon anonyme, selon les règles en vigueur, les enquêtes annuelles de<br />
recensement doivent offrir à tous, administrations, collectivités locales, associations,<br />
enseignants, étudiants, grand public, le moyen de prendre sur notre pays une vue à<br />
la fois géographique <strong>et</strong> historique. Il est essentiel que c<strong>et</strong>te vision puisse englober<br />
l’histoire de l’immigration depuis deux générations <strong>et</strong> manifester au grand jour<br />
l’importance de sa contribution au peuplement de la France.<br />
C’est pourquoi, après en avoir débattu dans son ultime séance, le COMEDD, dans sa<br />
majorité a souhaité maintenir la proposition d’étendre au recensement les questions<br />
déjà présentes dans les grandes enquêtes de l’INSEE sur le pays de naissance <strong>et</strong> la<br />
nationalité à la naissance des parents, tout en affirmant qu’une telle innovation doit<br />
être expérimentée au préalable par voie de tests, puis, le cas échéant, testée sur sur<br />
une première Enquête annuelle de recensement (soit 14 % de la population), afin de<br />
mesurer l’acceptabilité de c<strong>et</strong>te question dans le public <strong>et</strong> son potentiel dans la<br />
connaissance des <strong>discriminations</strong>, qui est l’objectif ultime de l’opération.<br />
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