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Inégalités et discriminations - Le Monde

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Paysage complexe, par conséquent, où le degré de sensibilité attaché aux données<br />

ne peut se trancher ex cathedra. L’ayant bien compris, la CNIL a toujours été soucieuse<br />

de prendre en compte les modalités <strong>et</strong> les finalités des variables r<strong>et</strong>enues dans les<br />

enquêtes. Dans le cas de l’enquête Éducation comme dans celui de l’enquête Famille,<br />

par exemple, le fait que les questionnaires étaient expressément facultatifs a fait<br />

partie des éléments pris en compte dans ses décisions.<br />

Un cas de figure troublant : la saisie de lapparence physique dans les fichiers de police<br />

<strong>Le</strong> dernier exemple sur lequel on s’attardera montre toutefois que la prise en<br />

compte de la finalité peut aussi produire des résultats troublants. On se souvient que<br />

pour les chercheurs de l’Open Institute à l’affût dans la gare du Nord ou à la station<br />

du Châtel<strong>et</strong>, l’assignation d’une identité raciale aux passants se justifiait par la<br />

volonté de se placer en quelque sorte dans le regard des policiers ou des douaniers<br />

susceptibles de les interpeller <strong>et</strong> de les fouiller. Mais ces derniers se servent euxmêmes<br />

de catégories <strong>et</strong>hno-raciales dans des fichiers d’identification. Est-ce bien<br />

conforme à l’article 1 er de la Constitution ? Comment la CNIL traite-t-elle ce dossier ?<br />

La CNIL a délibéré le 29 janvier 2009 sur l’application SALVAC (Système d’analyse<br />

des liens de la violence associée aux crimes), qui vise à exploiter toutes les informations<br />

issues des procédures judiciaires ou des services de la police <strong>et</strong> de la gendarmerie<br />

nationale, afin de m<strong>et</strong>tre en évidence le caractère sériel des infractions, en vue<br />

d'en faciliter la constatation <strong>et</strong> d'en identifier les auteurs. <strong>Le</strong> proj<strong>et</strong> de décr<strong>et</strong> en<br />

Conseil d’État soumis pour avis à la CNIL explique notamment que le fichier est<br />

utilisé « à des fins de recherche statistique, pour connaître par exemple le nombre de<br />

rapprochements effectués, le nombre de séries criminelles en cours ou le nombre de liens<br />

positifs établis ». La CNIL observe que les questionnaires de l’application SALVAC<br />

« comportent des champs relatifs à l'apparence du visage de la victime ou de l'agresseur au<br />

moment de l'agression, divisés en deux sous-catégories : "type <strong>et</strong>hnique" <strong>et</strong> couleur de la<br />

peau". Huit "types <strong>et</strong>hniques" ont ainsi été déterminés : africains/antillais, blanc, nordafricain,<br />

oriental/asiatique, indes orientales, hispanique/ méditerranéen, moyen-oriental,<br />

autres : précisez. »<br />

<strong>Le</strong> caractère <strong>et</strong>hno-racial de c<strong>et</strong>te catégorisation ne fait aucun doute, mais la CNIL<br />

tient un tout autre raisonnement : après avoir considéré que « des informations<br />

détaillées relatives au signalement fondées sur l'apparence des victimes ou des agresseurs »<br />

sont légitimes dans un fichier qui a pour finalité l’identification des auteurs d’infraction,<br />

elle fait observer que l'intitulé « type <strong>et</strong>hnique » n'est « pas adéquat dans la mesure<br />

où c<strong>et</strong>te rubrique est constituée à partir de données recueillies dans des témoignages, incluant<br />

une part de subjectivité importante ». Elle demande donc au ministère de l’intérieur de<br />

remplacer l'intitulé « type <strong>et</strong>hnique » par l'intitulé « type physique apparent ». Même<br />

raisonnement pour la couleur de la peau de la victime ou de l'agresseur : elle peut<br />

être admise compte tenu de la finalité de recherche criminelle du traitement, « en tant<br />

une <strong>et</strong>hnie particulière : on recense, selon les pays, 20 à 40 % de femmes vivant en couple polygame<br />

(Antoine 2002).<br />

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