ETUDE SUR LES AGENTS SPORTIFS DANS L'UNION ... - KEA
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<strong>KEA</strong> – CDES – EOSE : Etude sur les agents sportifs dans l’Union européenne<br />
par le fait que la naissance, puis l’autonomisation et la professionnalisation des sports modernes s’y<br />
sont faites en partie indépendamment des pouvoirs politiques.<br />
Au fur et à mesure que les activités sportives s’organisent, l’Etat américain prend position de ne pas<br />
faire du sport une affaire d’Etat. Pour se structurer, le sport fera dès lors appel au secteur privé. Cette<br />
situation permet aux divers promoteurs et organisateurs de bénéficier d’une large autonomie, ce qui<br />
donnera à un certain nombre d’individus l’occasion de s’illustrer en prenant des initiatives très avantgardistes<br />
pour leur époque. Albert G. Spalding est l’un d’entre eux 10 . A la fois joueur, promoteur puis<br />
agent de joueurs de baseball, il est à l’origine, en 1888, de la tournée mondiale d’une équipe all-stars<br />
américaine de baseball. Il a incontestablement joué un rôle déterminant dans le processus de<br />
professionnalisation du baseball. Il a persuadé des joueurs prometteurs de le suivre à travers le monde<br />
pour un salaire de 50 dollars par semaine (ce qui constituait un revenu intéressant pour des joueurs<br />
amateurs obligés de travailler une fois la saison terminée).<br />
La contribution de Spalding à la promotion du baseball fait de lui un des fondateurs de la National<br />
League de baseball. Il a par ailleurs participé à l’élaboration des règles de jeux de baseball.<br />
L’intervention des intermédiaires dans l’organisation et la gestion des compétitions sportives ne posait<br />
alors aucun problème dans la mesure où la rémunération, donc la professionnalisation, des athlètes est<br />
perçue dans le cas américain comme un outil pour développer le sport. L’intermédiaire sportif<br />
n’intervient pas à l’époque auprès des sportifs dans la perspective d’une régulation économique du<br />
marché, les enjeux financiers étant limités, mais plutôt dans celle d’un processus de<br />
professionnalisation qui doit déboucher sur la reconnaissance du travail sportif. En revanche, l’arrivée<br />
progressive des fonds financiers produira l’effet inverse. Il faut attendre les années 1920 pour voir les<br />
agents assurer à leurs clients des revenus importants 11 .<br />
Petit à petit, l’industrie du sport naissante va attirer vers elle des entrepreneurs venus de tous horizons.<br />
Ces derniers appliqueront au sport des stratégies de négociation qui avaient déjà fait leurs preuves<br />
dans d’autres domaines 12 . L’accroissement des flux économiques via les sponsors et la médiatisation<br />
des sports explique en partie l’augmentation du nombre d’agents sportifs. L’évolution du statut de<br />
l’athlète ou du joueur a également contribué à attirer divers intermédiaires vers le sport. En rendant les<br />
transferts de joueurs plus flexibles et en reconnaissant la nécessité de professionnaliser les sports<br />
individuels, les responsables sportifs et politiques ont en partie rendu légitime et valide le recours des<br />
athlètes aux divers intermédiaires.<br />
Cependant, l’influence croissante des agents sportifs n’était pas favorablement saluée par la<br />
communauté sportive 13 . La naissance d’une hostilité affichée par les responsables sportifs puis<br />
10 Lamster M., Spalding's World Tour: The Epic Adventure That Took Baseball Around The Globe And Made It America's<br />
Game, The Perseus Books Group, 2007.<br />
11 A cette époque, C.C. Pyle obtient des Chicago Bears 3000 dollars par match au nom de son protégé Harold, Red<br />
Grange, fraîchement sorti de l’université. Les joueuses de tennis Mary K Brown et Suzanne Lenglen étaient également des<br />
clientes de Pyle. En 1926, Lenglen signe avec Pyle un contrat de 50 000 dollars faisant ainsi d’elle la première joueuse de<br />
tennis professionnelle.<br />
12 Ainsi, le célèbre producteur hollywoodien, et par ailleurs agent d’acteurs, J. William Hayes a utilisé la technique du « hold<br />
out » pour obtenir des Los Angeles Dodgers 167 000 dollars par an sur une période de trois ans pour les joueurs Don<br />
Drysdale et Sandy Koufax. La technique du « hold out », encore largement utilisée de nos jours, consiste à ne pas faire jouer<br />
le sportif pour son équipe tant que les parties en négociation n’ont pas trouvé un accord. Afin de mettre tous les atouts de<br />
son côté, Hayes avait fait signer à Drysdale et à Koufax un contrat avec la Paramount Pictures pour jouer dans un film dans<br />
le cas où les exigences concernant leurs contrats avec les Dodgers n’étaient pas remplies.<br />
13 En effet, dès les années 1960 certains acteurs font part de leur mécontentement à l’égard des intermédiaires. Don<br />
Klosterman alors dirigeant des Houstons Oilers membre de la National League Football déclare en 1966 que « Nous<br />
dépensons 200 000 dollars par an pour détecter de nouveaux talents alors pourquoi attendre des agents mal informés qu’ils<br />
viennent nous dire quelle est la valeur d’un joueur ? Ce sont de simples parasites à la recherche d’argent facile ».<br />
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