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SÉBASTIEN MARRE<br />
mobilités (spatiale et sociale) que connaissent les individus au cours de leur existence<br />
? Cette question constitue le fil directeur de notre recherche. Pour y répondre, au<br />
lieu d’utiliser des sources des pays d’accueil comme c’est le cas, en général, dans les<br />
études sur la diaspora grecque, il est possible d’interroger deux sources administratives<br />
de l’État grec que l’on détourne de leur usage initial : le dimotologion (qui est<br />
un registre de citoyenneté) et les listes électorales. Le cas du Pirée a été retenu en<br />
raison de la documentation historique, conservée en presque totalité pour ce qui<br />
concerne ces deux sources pivots de notre enquête 3 . En effet, les deux sources<br />
conservées localement ne nous permettent pas seulement d’étudier la population du<br />
port d’Athènes, mais présentent également un intérêt pour examiner la diaspora<br />
grecque dans la seconde moitié du XIX e siècle. On peut ainsi adopter une démarche<br />
originale pour enquêter : exploiter ces deux sources administratives de l’État grec en<br />
alliant deux types d’analyse démographique, l’approche longitudinale et l’approche<br />
biographique. Nous aborderons ainsi successivement trois points : les principaux<br />
axes de cette recherche, puis une présentation de ces deux sources et, enfin, les deux<br />
approches complémentaires qui peuvent être adoptées afin d’exploiter la documentation<br />
conservée.<br />
Les principaux axes de la recherche<br />
Mise en évidence des réseaux migratoires entre le Pirée et les lieux de la diaspora grecque<br />
Ces populations grecques, en diaspora, ont maintenu la conscience d’appartenir à<br />
une même communauté, fondée essentiellement sur la religion orthodoxe et la langue<br />
grecque. Les populations qui appartiennent à la diaspora grecque ne sont pas<br />
assimilées dans la société du pays d’accueil, car elles n’ont pas totalement perdu<br />
leur conscience identitaire, celle d’appartenir à l’hellénisme. L’activité commerciale<br />
est un aspect essentiel de la vie de la diaspora grecque qui a emprunté les grandes<br />
voies maritimes et terrestres du bassin méditerranéen. Cette diaspora est une diaspora<br />
marchande classique qui a mis en place des réseaux afin de faciliter les échanges.<br />
Ces réseaux se sont constitués dans les grandes villes cosmopolites que sont<br />
Constantinople, Smyrne, Alexandrie ou Marseille. Ils ont donné naissance à de véritables<br />
colonies marchandes qui se sont surtout constituées depuis le XVII e siècle. Ils<br />
3 Sur l’histoire du Pirée au XIX e siècle cf. en particulier : Vassias Tsokopoulos, Πειραιάς<br />
1835-1870. Εισαγωγή στην ιστορία του ελληνικού Μάντσεστερ [Le Pirée, 1835-1870. Introduction<br />
à l’histoire de la Manchester grecque], Athènes, 1984 ; Giannis Bafounis, La formation<br />
d’une ville nouvelle. Le Pirée au XIX e siècle (1835-1879), Thèse de 3 e cycle, université de<br />
Paris IV, 1985 ; Sébastien Marre, Les enfants du Pirée. Mobilités, trajectoires individuelles et identité<br />
nationale dans un dème de la Grèce du 19e siècle, Thèse de doctorat en histoire moderne et<br />
contemporaine, université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 2005 ; Giannis Giannitsiotis, Η<br />
κοινωνική ιστορία του Πειραιά. Η συγκρότηση της αστικής τάξης 1860-1910 [L’histoire<br />
sociale du Pirée. La constitution de la classe bourgeoise 1860-1910], Athènes, 2006 ; Sébastien<br />
Marre, «La fondation de la ville du Pirée (1833-1838)», La Revue Historique/The Historical<br />
Review, Athènes, III, 2006, pp. 111-135.<br />
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