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LA DIASPORA GRECQUE A PARTIR DU PIREE : UNE APPROCHE DEMOGRAPHIQUE
Une démarche originale pour étudier la diaspora grecque : exploiter
des sources administratives de l’État grec
Le dimotologion
Le dimotologion est un registre de citoyenneté qui a été mis en place par
l’administration grecque en 1834 et qui existe toujours, même s’il a connu une évolution
au cours du temps 5 . Il s’agit d’un livre où sont enregistrés tous les citoyens
d’un dème (que l’on appelle démotès). Le démotès est le citoyen du dème, unité administrative
de base du royaume grec correspondant à la commune française. Il a la
citoyenneté grecque. Les Grecs de l’étranger, s’ils souhaitent conserver la citoyenneté
grecque, doivent être inscrits avec leur famille dans un dimotologion du royaume de
Grèce. Le système du dimotologion semble avoir été créé par le décret du 27-12-1833
(8-01-1834) qui a une portée plus générale puisqu’il crée également les dèmes 6 . Les
articles 3 et 9 à 14 de ce décret prévoient que tout individu de citoyenneté grecque,
ainsi que sa famille, doit être inscrit dans un dème pour pouvoir jouir de ses droits.
Depuis la circulaire 39 du 27-04-1851 du ministère de l’Intérieur, tout sujet grec
doit obligatoirement être inscrit avec sa famille dans un dimotologion 7 . Ainsi, à partir
de cette date, les individus ayant la citoyenneté grecque y apparaissent avec leur
conjoint et leurs enfants éventuels, dans une seule et même case familiale (les oikogéneiakès
méridès/οικογενειακές μερίδες).
Le dimotologion du Pirée est assez bien conservé, ce qui est tout à fait exceptionnel
pour la Grèce du XIX e siècle. Dans le premier registre qui couvre les années 1835 à
1863, seuls sont inscrits, jusqu'en 1851, des individus de sexe masculin. Ensuite,
leur famille apparaît sous la rubrique «observations», ce qui montre que la circulaire
de 1851 a été immédiatement appliquée au Pirée. Jusqu’en 1839, seuls ont été
remplis : le numéro d’ordre, le prénom et le nom, l’âge et la profession. Puis, à partir
de 1844, on trouve l’état matrimonial des individus et leur lieu d’origine et, à
partir de 1848, le total des habitants de la maison. À partir de 1851, on trouve les
prénoms et les âges des autres membres du groupe familial. Dans le deuxième registre
du dimotologion, qui couvre la période 1863-1869, sont inscrits les individus de
sexe masculin ainsi que le conjoint et les enfants éventuels et on trouve, pour chaque
membre de la case familiale, le prénom et le nom, l’âge, la profession et le lieu
5 Sur le dimotologion en général et le cadre normatif qui a mis en place cet instrument de
l’administration, cf. Sébastien Marre, «Le dimotologion, une source originale en Grèce», Histoire
et Mesure XIX (2004), pp. 133-159 ; idem, Le dème du Pirée (1835-1912) : une approche
démographique et anthropologique, D.E.A. d’Histoire, économie et arts des origines des temps
modernes au temps présent, université Michel de Montaigne-Bordeaux III, juin 2000, pp. 13-
18 (vol. 1) et pp. 4-30 (vol. 2) ; Sébastien Marre, Les enfants du Pirée (cité n. 3), pp. 166-187
(vol. 1) et p. 56 (vol. 2).
6 Loi du 27-12-1833 (8-01-1834) / Φ.Ε.Κ. [Journal Officiel] 3/10-01-1834 sur la formation
des dèmes.
7 Circulaire 64 du ministère de l’Intérieur du 21-07-1851 sur l’inscription des démotès
dans les livres du dème.
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