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SÉBASTIEN MARRE<br />

Le but est de retrouver, dans les deux sources, les individus sélectionnés dans la<br />

liste électorale de 1877 ainsi que leurs conjoints et leurs enfants éventuels, mais aussi<br />

les membres de leur famille (parents, frères et sœurs, oncles et tantes, cousins et<br />

cousines) qui ont pu rester au Pirée ou qui habitent ailleurs et qui peuvent être aussi<br />

retrouvés dans les dimotologia. Une colonne de la liste électorale de 1877 renvoie<br />

au numéro de la case familiale (oikogeneiaki merida/οικογενειακή μερίδα) du dimotologion.<br />

Cela permet de retrouver le groupe familial auquel appartient chaque individu<br />

et de recueillir des informations précises sur son entourage immédiat. Les sources<br />

historiques traditionnelles comme les recensements captent difficilement les mouvements<br />

de population et, en particulier, les migrations. Les listes électorales conservées<br />

aux Archives historiques du Pirée, qui concernent la seconde moitié du XIX e<br />

siècle, permettent, elles, d’étudier le départ des individus – soit qu’ils se dirigent<br />

vers une autre région du royaume grec, soit qu’ils émigrent à l’étranger –, voire leur<br />

retour au Pirée. Ces listes électorales sont tout à fait représentatives puisque le suffrage<br />

universel masculin a été introduit en Grèce au cours de l’année 1864. La mention<br />

de la résidence sur les listes postérieures à 1877 nous permet de connaître les<br />

lieux de destination en Grèce et à l’étranger des individus sélectionnés. Bien qu’il ne<br />

soit pas possible d’étudier de manière exhaustive les courants migratoires au départ<br />

du Pirée, ces listes nous donnent tout de même des indications précieuses et des<br />

pistes sur ces départs de la ville. Cet espace diasporique constitué en réseau est utilisé<br />

par les membres de la diaspora. Il apparaît comme un cadre de référence. Le lieu<br />

d’origine (le Pirée) et la diaspora peuvent ainsi être analysés ensemble.<br />

La présence d’archives locales du XIX e siècle, peu lacunaires et bien conservées au<br />

Pirée, permettent donc de montrer comment, dans le cas des Piréotes en diaspora, la<br />

parenté influence les formes de mobilités (spatiale et sociale) que connaissent les individus<br />

au cours de leur existence. Il s’agit d’étudier la diaspora grecque qui est définie<br />

par rapport à un espace diasporique constitué en réseau. On peut ainsi exploiter<br />

les registres du dimotologion et les listes électorales en adoptant conjointement les<br />

approches longitudinale et biographique qui consistent à suivre les individus dans le<br />

temps et dans l’espace tout en s’intéressant à leur entourage familial immédiat.<br />

Pour étudier la diaspora grecque à partir du Pirée dans la seconde moitié du XIX e<br />

siècle, on peut en particulier explorer l’histoire des mobilités et celle de la parenté.<br />

L’historien peut détourner de leur usage initial ces deux instruments de<br />

l’administration grecque, afin de reconstituer des trajectoires individuelles de Piréotes<br />

qui sont installés à l’étranger et mettre ainsi en évidence les réseaux migratoires<br />

qui structurent la diaspora grecque.<br />

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