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SÉBASTIEN MARRE<br />
pendant avoir bien à l’esprit que les groupes ainsi constitués n’ont pas conscience<br />
d’eux-mêmes. Ils doivent être considérés pour ce qu’ils sont, à savoir des outils au<br />
service de l’historien s’efforçant de comprendre le fonctionnement de la société qu’il<br />
observe. On doit en pratique mettre en évidence les relations qui existent entre les<br />
membres de ces groupes. Elles peuvent être étudiées à la lumière des réseaux dans<br />
lesquels les individus entrent et prennent position. Il peut s’agir de réseaux de parenté<br />
ou de réseaux de métiers. Cela permet d’observer les connexions entre ces mêmes<br />
individus. La position socioprofessionnelle est un indicateur de premier plan pour<br />
montrer les relations au sein d’un groupe professionnel. On peut ainsi s’intéresser à la<br />
mise en place des relations entre les individus en fonction de cercles concentriques : la<br />
famille, la parenté, le groupe socioprofessionnel, la société dans son ensemble. Ce qui<br />
révèle la richesse des relations des individus entre eux. Plus un individu a de relations<br />
avec les membres de son groupe ou d’autres groupes et plus il est inséré socialement.<br />
Cela peut faciliter son repositionnement dans la société dans laquelle il évolue.<br />
L’étude des relations sociales est d’un grand intérêt pour qui veut analyser le rôle<br />
joué par les réseaux dans la mobilité sociale ou la mise en place de réseaux migratoires.<br />
Dans le cas des Piréotes en diaspora, cela permet de mettre en évidence les liens<br />
entre mobilité sociale et mobilité spatiale.<br />
Les trajectoires individuelles sont les positions sociales occupées successivement<br />
par les individus au cours de leur vie et leurs déplacements. Elles ne sont pas linéaires,<br />
mais plutôt discontinues dans le temps et dans l’espace. Leur étude permet<br />
de comprendre comment les individus construisent leur existence. On peut ainsi saisir<br />
le cycle de vie. On parle généralement de trajectoires individuelles ou plus particulièrement<br />
de carrières professionnelles. Il est en effet possible de reconstituer la<br />
vie des individus de la naissance au décès, mais aussi de retrouver les différentes<br />
professions qu’ils ont exercées tout au long de leur vie active. Il s’agit de mettre en<br />
évidence les processus à l’œuvre dans le parcours des individus. C’est un des<br />
moyens privilégiés pour comprendre les mécanismes de la mobilité sociale. Une trajectoire<br />
individuelle est construite, dans le temps, autour d’une succession<br />
d’événements. Elle est en quelque sorte le résumé de la vie d’un individu. En reconstituant<br />
une trajectoire, le chercheur retrouve le cheminement d’un individu, son<br />
parcours de vie. Cette trajectoire est sinueuse, elle ne constitue pas une ligne droite.<br />
Elle est constamment réorientée par la société, influencée par la situation économique,<br />
les guerres ou la situation politique. Chaque étape de l’existence d’un individu<br />
est susceptible d’être modifiée au gré d’événements qui le dépassent et qui le transcendent.<br />
La plupart des trajectoires individuelles connaissent ainsi de nombreux à-<br />
coups, ce qui a des effets sur la position sociale des personnes.<br />
Toute société est constituée par la juxtaposition de trajectoires individuelles qui<br />
s’entrecroisent ou se rencontrent. L’individu n’est pas isolé dans la société. Il vit en<br />
interdépendance avec les autres. Il contribue à construire les trajectoires de ses semblables,<br />
tout comme ses congénères façonnent sa propre existence. Positions, relations<br />
et trajectoires ne peuvent se comprendre qu’étudiées dans un espace donné, en<br />
l’occurrence pour cette enquête, l’espace de la diaspora. Pour étudier les mobilités,<br />
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