DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

124 SIMONE VERDIN
faire un historique des exégèses dont quelques-unes restent
parfaitement défendables (').
Les variantes de Prose sont significatives, moins pour l'évolution
formelle du poème que pour le sens qu'on peut lui donner.
Mallarmé rôde encore autour de l'impossible « explication
orphique de la Terre)) CS). Sous un nouveau symbole, il revit,
une fois de plus, les Nuits de Tournon et leur épilogue: mon
Rêve a vu la vérité, mon cerveau, châtié pour son orgueil, est
impuissant à l'ordonner en Livre orphique, mais je reste poète.
« Prouver par les portions faites que ce livre existe, et que j'ai
connu ce que je n'aurai pu accomplir )), voilà ce qu'il espère,
malgré tout ca).
On ne peut prétendre fermer le débat en proposant une exégèse
nouvelle, qui se greffe plutôt sur d'autres conceptions et
n'exclut que les thèses qui donnent au poème une signification
extérieure à la vie spirituelle de Mallarmé.
Ch. Chassé, quand il ne fait pas du poète un écrivain
copiste, polisson ou scatologue, le réduit aux dimensions d'un
D'entendre le Ciel et la carte
Sans fin attestés sur nos pas _
Par l'onde même qui s'écarte,
Que ce pays n'exista pas!
(Le Figaro littéraire
du 25 décembre 1954.)
D'ouïr tout le ciel et la carte
Sans fin attestés sur mes pas,
Par le flot même qui s'écarte,
Que ce pays n'exista pas.
L'enfant abdique son extase
Et docte déjà par chemins
Elle dit le mot : Anastase 1
Né pour d'éternels parchemins,
Avant qu'un sépulcre ne rie
Sous aucun climat, son aïeul,
De porter ce nom : Pulchérie 1
Caché par le trop grand glaïeul.
(Œuvres complètes, Paris, NRF
[Bibliothèque de la Pléiade],
1951, p. 55.)
(1) Sur K. Wais, cf. L.-J. AUSTIN, Mallarmé et son critique allemand
(Revue d'Histoire littéraire de la France, avril-juin 1954).
C') Mallqrmé, Huysmans et la « Prose pour des Esseintes» (ibid.).
Du nouveau sur la Prose pour des Esseintes (Mercure de France, janvieravril
1955). '
ca) Autobiographie, Q.C., p. 663.