DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

DU NOUVEAU SUR JUSTE L1PSE 373
fait pour celle d'Erasme. Tous ont reculé devant l'énormité
d'une tâche que Lipse lui-même a rendue le plus difficile possible.
Trois savants belges, MM. Alois Gerlo, Nauwelaerts et
Vervliet, l'ont enfin entreprise, armés de telle sorte - il Y faut
autant de ténacité que de méthode et de science - qu'on peut
être sûr qu'ils la mèneront à bonne fin.
Un immense travail d'inventaire dès à présent terminé
-le volume vient de paraître - a préparé l'édition proprement
dite : il a fallu classer les deux mille lettres déjà publiées et les
replacer dans leur contexte biographique et historique, retrouver
les inédits qui se cachent encore. MM. Gerlo et Vervliet ont
accompli cette recherche indispensable.
Dès à présent, voici déjà un volume paru: La Correspondance
de Juste Lipse conservée au Musée Moretus-Plantin,
publiée intégralement avec une introduction et d'excellentes
notes par MM. Alois Gerlo et Hendrik Vervliet C). Le lecteur
est tenté de penser : encore une édition partielle P Pourquoi ne
pas joindre ce paquet à la correspondance générale en voie de
réunionP Dès les premières pages, il change d'avis et donne
raison aux éditeurs. Non seulement ce volume forme bien un
ensemble, mais, de tout ce qui a été publié de Lipse, écrit sur
lui, rien ne donne aussi chaleureusement l'impression d'un
contact vivant avec un homme qui, toujours, semble s'être
dérobé.
Les archives plantiniennes contiennent des lettres déjà
connues. Quelques-unes figurent dans la Correspondance de
Christophe Plantin publiée de 1883 à 1919, assez imparfaitement,
par Max Rooses et J. Denucé, complétée en 1955 par
M. Van Durme. Le Musée possède l'original de la fameuse lettre
que Lipse écrivit du couvent des Jésuites de Mayence, le
14 avril 1591, pour annoncer au Père Martin-Antoine Del Rio
qu'il rentrait dans le giron de l'Eglise, « malade et oppressé
du poids de ses péchés», avec, au verso, le brouillon de la
(1) Anvers, De Nederlandsche Boekhandel, 1967, un vol. in-8° de
322 pages, comportant 211 lettres et 45 pièces d'archives et lettres adressées
à des tiers, avec plusieurs fac-similés. La typographie, particulièrement
difficile, due aux Presses Sainte-Catherine à Bruges, est parfaite.
Les éditeurs ont eu pour point de départ un premier déchiffrement
d'Irène Vertessen, conservateur-adjoint au Cabinet des Estampes d'Anvers,
décédée en 1962. Une première édition des lettres seules, sans commentaires,
avait paru en 1964 au Gulden Passer, l'Inventaire (1968) aux éditions
Erasme, Anvers.