13.07.2013 Views

DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

140 SIMONE VERDIN<br />

idéal, E<strong>de</strong>n, jardin <strong>de</strong>s Idées (52). » Sans doute, puisque Mallarmé<br />

traduit « site» dans Richard Wagner : « ..• son geste<br />

résume vers soi nos rêves <strong>de</strong> sites ou <strong>de</strong> paradis (53). » Faut-il<br />

invoquer la poésie triomphante en général, celle <strong>de</strong> Poe ou celle<br />

<strong>de</strong> DanteP Au moins Poe, parmi tous ses fastes, a donné un<br />

nom au site: les ultima thule que Mallarmé glose, répétons-le,<br />

« régions extrêmes <strong>de</strong> l'esprit». C'est bien un atlas <strong>de</strong> ces<br />

régions qu'il tente <strong>de</strong> dresser en l'œuvre <strong>de</strong> sa patience, et nous<br />

savons qu'aux limites <strong>de</strong> l'esprit, après avoir rencontré le<br />

Néant, il a rencontré la Beauté que seuls les mots <strong>de</strong> la poésie<br />

peuvent exprimer parfaitement. Les mots, il les compare à <strong>de</strong>s<br />

« fragments <strong>de</strong> plantes ou <strong>de</strong> fleurs sèches dans l'herbier du<br />

botaniste», L.-J. Austin le rappelle. Ajoutons cet extrait du<br />

Livre, Instrument spirituel:<br />

« •.• le journal... s'envole près <strong>de</strong> roses, jaloux <strong>de</strong> couvrir leur<br />

ar<strong>de</strong>nt et orgueilleux conciliabule : développé parmi le massif, je<br />

le laisserai, aussi les paroles fleurs à leur mutisme (54) ... »<br />

VI Oui, dans une île que l'air charge<br />

De vue et non <strong>de</strong> visions<br />

Toute fleur s'étalait plus large<br />

Sans que nous en <strong>de</strong>visions.<br />

VII Telles, immenses, que chacune<br />

Ordinairement, se para<br />

D'un luci<strong>de</strong> contour, lacune<br />

Qui <strong>de</strong>s jardins la sépara.<br />

En mettant, dans cette version définitive, le point final à<br />

là strophe VI, Mallarmé achève d'isoler Telles dont la diction<br />

et le <strong>de</strong>ssin évoquent les hautes tiges. Le vers 4 <strong>de</strong> la strophe VII<br />

marque mieux que sa variante - Qui du jour pur la sépara -<br />

que les fleurs sont abstraites, « distraites» du réel dirait le<br />

poète. Une lettre <strong>de</strong> Lefébure, du 9 mai 1866, nous convainc<br />

s'il le faut :<br />

« De larges fleurs inconnues s 'y sont tout à coup épanouies<br />

en soleils dans l'herbe abandonnée, d'éclatantes anémones jaunes,<br />

<strong>de</strong>s marguerites aux grands regards blancs s 'y sont attroupées et<br />

par-<strong>de</strong>ssus tout, porphyrogénètes <strong>de</strong> la solitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s pavots rouges<br />

(62) Mallarmé, l'homme et l'œuvre, p. 112.<br />

(la) O.C., p. 545.<br />

e·) O.C., pp. 378 et suiv.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!