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DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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412 JULIEN BALLIU<br />

minent donc pas la praxis, mais la mettent en situation. Si les<br />

structuralistes formulent ce même raisonnement pour le travail<br />

<strong>de</strong> l'esprit, pour la pensée telle qu'elle s'exprime dans la<br />

langue et dans la culture, en quoi prouvent-ils que ces structures<br />

qui déterminent la pensée humaine ne sont pas du<br />

pratico-inerte, et éliminent donc le projetP Car il est bien<br />

évi<strong>de</strong>nt que praxis ne signifie pas seulement travail « économique<br />

», mais toute l'activité humaine, c'est-à-dire tout rapport<br />

d'un projet à une inertie qu'il constitue- en situation.<br />

Que l'on ait découvert un ensemble structuré d'ordre logique<br />

qui constitue la situation <strong>de</strong>vant laquelle tout acte <strong>de</strong> pensée<br />

se trouve placé, c'est là une base insuffisante pour affirmer que la<br />

pensée n'est pas un projet actif. On ne voit donc pas la raison<br />

<strong>de</strong> refuser à la pensée le statut <strong>de</strong> praxis, si toute l'argumentation<br />

consiste dans la <strong>de</strong>scription d'un ensemble <strong>de</strong> structures<br />

qui régissent le développement <strong>de</strong> la pensée. Quand Sebag<br />

dit : « La structure apparaît bien ici comme le véritable sujet<br />

puisque c'est elle qui définit les transformations indispensables<br />

(14) ... », Sartre pourrait aisément répondre que c'est<br />

bien ici la dialectique qui apparaît comme le véritable sujet, et<br />

pour la même raison. S'il ne le dit pas, c'est parce qu'il ne<br />

fait pas <strong>de</strong> la dialectique une force mystérieuse qui, comme<br />

la structure, engendre les activités humaines; parce qu'il nous<br />

présente la dialectique comme l'interaction du sujet et <strong>de</strong> sa<br />

situation. Le structuralisme, se proposant <strong>de</strong> s'en tenir aux<br />

structures <strong>de</strong> la situation, comment peut-il savoir qu'elles<br />

excluent le sujet P<br />

Mais c'est surtout l'irrationalisme, tel qu'il se présente<br />

plus particulièrement dans le structuralisme <strong>de</strong> Foucault, qui<br />

nous semble néfaste. La langue, la vie, le travail, voilà selon<br />

Foucault les forces profon<strong>de</strong>s qui nous traversent et qui nous<br />

• dépassent. Pourtant pour Sartre aussi le travail est une force<br />

qui nous dépasse. Quand l 'homme travaille il obtient un<br />

ensemble <strong>de</strong> résultats qu'il n'a pas prévus, et il poursuit <strong>de</strong>s<br />

buts qui lui sont dictés par les résultats imprévus du travail<br />

<strong>de</strong>s générations précé<strong>de</strong>ntes, et <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> tous les autres<br />

qui travaillent au même moment que lui. Quand Foucault<br />

pose la question : « Puis-je dire que je suis ce travail que je<br />

(14) Marxisme et structuralisme, p. 123.

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