DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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elle n'a pas su le faire, victime de ces habitudes, de ces traditions,
de ce mos majorum que magnifiaient ses porte-parole.
Après avoir, à certains égards, préparé la voie au christianisme,
en lui prêtant, pour se définir lui-même, un vocabulaire et
certains concepts, le paganisme en est réduit à n'être plus
qu'un pâle décalque du cuIte rival. Le meilleur de lui-même,
en matière de formes de pensée, s'est intégré au christianisme,
si étroitement qu'aujourd'hui encore les controverses se poursuivent
autour de cet héritage, et de la légitimité de cette association.
Je n'ai pas l'intention d'entrer dans cette polémique et
de faire une incursion dans le dOlnaine de la théologie. J'ai
voulu n'être qu'historien. Pour le théologien, le triomphe du
christianisme est celui de la vérité sur l'erreur. Pour 1 'historien,
quelle que soit. son option philosophique ou religieuse,
il apparait comme la victoire d'une pensée résolument monothéiste
sur un monothéisme virtuel, tiraillé entre le polythéisme
et le panthéisme. Mais il est encore autre chose. Alfred Loisy,
parvenu au terme de son itinéraire spirituel, déclarait ne pouvoir
plus souscrire qu'à ce seul article du Credo: « Il a souffert
sous Ponce-Pilate. » Le triomphe du christianisme, c'est aussi
le triomphe de 1 'histoire sur le mythe et l'allégorie.