DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

PROSE POUR DES ESSEINTES
64 Froide enfant, de garder en son plaisir subtil
Au matin grelottant de fleurs, ses promenades
71 ... elle erre, et sur son ombre pas
un ange accompagnant son indicible pas!
90 La rougeur de ce temps prophétique qui pleure
Sur l'enfant, exilée en son cœur précieux ...
145
Hérodiade sera encore « notre Reine enfant » dans un brouillon
de monologue dit par la Nourrice CS 9 ).
L'Ouverture ancienne fait entrevoir une méthode mallarméenne
que montrent clairement les Feuillets publiés par
J. Scherer (60). En élargissant de plus en plus ses symboles, en
multipliant et en échangeant leur teneur, Mallarmé aboutit à
une vaste équation. La « froide» Hérodiade, que n'accompagne
aucun poète, symbolise pour nous la Beauté absolue.
Elle n'est pas absente de la Polymnie-Psyché de Prose, parce
qu'en fin de compte tous les symboles retournent à leur source,
le poète qui porte en lui l'âme, la beauté et l'expression poétique;
c'est pourquoi cette Polymnie n'est pas de pierre, ni
allégorique, ni figée. L'exégète fait le mot à mot, à la recherche
d'une cohérence dans un poème isolé. Il doit fatalement trahir,
- le tout est de trahir avec respect.
Polymnie dit le mot: Anastase! mais dit-elle seulement
« Résurrection » P Anastasis signifie aussi « départ, exil », Mallarmé
semble s'en être informé, d'après le vers
Sur l'enfant, exilée en son cœur précieux
Le sens de départ (qu'il faudrait ajouter, non certes préférer)
peut se justifier dans le vers
Et docte déjà par chemins
(59) Les Lettres, 1948, numéro spécial.
(60) En confrontant les « feuillets» édités par J. Scherer (( Le
Livre» de Mallarmé), on aboutit à une suite d'équations : Livre = Th.
= Idée = Hymne = Dr = Mystère... (cf. entre autres les feuillets 5A,
129A, 17lA, 182). Le feuillet 103A porte: « Lect. ou chaque terme cachant
et montrant Théâtre, en tant que Mystère par une opération appelée
Poésie, cela à la faveur du Livre ». Pour une analyse plus approfondie de
cette édition de J. Scherer, cf. mon compte rendu dans la Revue belge
de Philologie et d'Histoire, 1958, vol. 36, fasc. 2, p. 507.