DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

E. NOULET 297
(opération qui constitue la plupart des prétendues démonstrations).
Mais dire : la matière ne pense pas, c'est ne rien dire car ce ne
pourrait dire quelque chose que si la proposition contraire était
intelligible. (p. 285)
A ce même sujet, se rapporte une page (elle suit l'idée
précédente d'ailleurs et l'on devine par quelle association Valéry
y est mené) qu'il intitule Invention du Diable, la trouvant
merveilleuse, cette invention! Nous en donnons la conclusion :
Mais enfin, la notion de Tentation est illimitée; et bientôt trouverait-on
que ce n'est point ce qui nous tente et sa nature, mais le
seul fait d'être tenté qui est le risque essentiel du Mal. Et d'être
tenté par le Bien serait donc aussi un moyen du Diable, - car
n'est-ce point Céder et suivre qui sont le pire P
La mobilité de la pensée n'est nullement contraire à sa
rigueur ni à la complexité de l'expression, puisque toute
démarche intellectuelle se résout en fin de compte à une question
de langage laquelle dépend de la certitude ou l'incertitude
des termes:
Mon système serait de ne rien accorder, ni m'accorder, qui n'ait été
ou re-défini, ou noté comme non défini; mais jamais ignoré à ce
point de vue et confondu avec une valeur certaine. (p. 286)
Il faudrait lire en entier le compte rendu fait le 12 juillet
1934 de sa visite « au Labo-Piéron (avec Paléo et Vallery­
Radot). » Nous le relevons parce qu'il contient cette phrase:
Je suis content de voir confirmer ce que je crois depuis 30 ans (la
spécialité compensée par l'excitabilité la plus générale). (p. 288)
Cette visite et son objet déclenchent d'ailleurs les jours
suivants une série de réflexions importantes qui regardent le
monde mental comme le monde physique, comme l'idée de la
connaissance limitée: à eux seuls, ces points de vue, nouveaux,
hardis et dont la vérité et la véracité éclatent, constitueraient
une matière philosophique inédite, un système explicatif de la
vie et de la conscience qu'on en a.
A la page 342, il aborde le mois d'août par des considérations
relatives à la poésie et plus précisément à l'invention
dont nous avons déjà vu dans quels termes élogieux il en parle.
II l'appelle ici, la voie rayonnante, et la considère comme un
« minimum» donné. Il analyse aussitôt les effets et les modifications
ultérieures à son surgissement. Ainsi, se mêlent, à