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DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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144 SIMONE VERDIN<br />

beau vivant, qu'il cite tout entier dans sa scolie e7<br />

). Ce sonnet<br />

contient assez d'indications capitales et précises pour trouver<br />

sa place, ici aussi :<br />

Ils marchent <strong>de</strong>vant moi, ces yeux pleins <strong>de</strong> lumières,<br />

Qu'un Ange très savant a sans doute aimantés;<br />

Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,<br />

Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés.<br />

Me sauvant <strong>de</strong> tout piège et <strong>de</strong> tout péché grave,<br />

Ils conduisent mes pas dans la route du Beau;<br />

Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave;<br />

Tout mon être obéit à ce vivant flambeau.<br />

Charmants Yeux, vous brillez <strong>de</strong> la clarté mystique<br />

Qu'ont les cierges brûlant en plein jour; le soleil<br />

Rougit, mais n'éteint pas leur flamme fantastique;<br />

Ils célèbrent la Mort, vous chantez le Réveil:<br />

Vous marchez en chantant le réveil <strong>de</strong> mon âme,<br />

Astres dont nul soleil ne peut ternir la flamme 1<br />

Avec ce Réveil nous sommes bien près d'Anastase, bien<br />

loin <strong>de</strong>s empereurs <strong>de</strong> Byzance (58). La « route du Beau », voilà<br />

le pays <strong>de</strong> Prose. Si la poésie interrompt le voyage, c'est que<br />

Mallarmé tombait dans le piège <strong>de</strong> l'Absolu, prétendait surprendre<br />

« l'orgueilleux conciliabule » <strong>de</strong>s fleurs paroles <strong>de</strong> la<br />

Beauté absolue. L'épithète « tendre» <strong>de</strong> la strophe IX peut se<br />

justifier par cette sollicitu<strong>de</strong>, comme elle peut signifier « jeune<br />

encore », sens repris par le poète dans la strophe XIII où la<br />

« docte muse» abandonne toute pédanterie pour être joliment<br />

« l'enfant docte )). « On les peint, dit le Bescherelle <strong>de</strong>s Muses,<br />

jeunes, belles, mo<strong>de</strong>stes et couronnées <strong>de</strong> fleurs. » Dès que le<br />

poète l'appelle « sœur », « enfant )) lui était soumé par Bau<strong>de</strong>laire<br />

: Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur ... Dans l'Ouverture<br />

ancienne, Mallarmé n'hésite pas à prêter une grâce<br />

enfantine à la farouche Hérodia<strong>de</strong>.<br />

(67) O.C., pp. 241 et suiv.<br />

(I") Cf. Ch. CHASSÉ, Les clés <strong>de</strong> Mallarmé, p. 182.

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