DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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sommation», en l'occurrence l'auteur, l'éditeur et le lecteur, Groth
réussit à donner une vue très complète et précise sur la ou les finalités
du périodique.
L'objet de ses réflexions ainsi matériellement circonscrit et téléologiquement
défini et situé, l'auteur poursuit sur presque 1 300 pages
(tomes 3 et 4) les différentes étapes de son élaboration, de son devenir·
Das Werden des Werkes. On n'y trouve pas seulement des renseignements
extrêmement détaillés sur l'organisation technique et commerciale de
l'édition (tome 3) - un vaste chapitre est notamment consacré à l'incidence
du marché publicitaire sur les structures tant financières que
rédactionnelles du journal, mais également une description exhaustive
du fonctionnement de la rédaction proprement dite, ainsi qu'une analyse,
sous tous ses aspects, de la profession de journaliste de la presse écrite.
Quant à ce dernier point, il importe de noter que Groth ne se oontente
pas d'énumérer les différentes tâches incombant aux divers types
de journalistes, mais qu'il consacre également une large place aux
possibilités de formation préparatoire à ces tâches, aux perspectives
d'avenir se présentant généralement au jeune journaliste dans les diverses
branches de la profession, aux oonditions sociales de travail et de rémunération,
au prestige de la profession (dont il donne un rapide aperçu
de l'évolution historique), ainsi qu'à la déontologie et aux organisations
professionnelles.
L'action de l'œuvre journalistique qui naît, comme le démontre
ainsi Groth, sous l'influence de « conjonctures» philosophiques, matérielles
et sociales extrêmement complexes, s'insère de son côté dans un
vaste réseau de courants de pensées et d'activités collectifs. En la saisissant
à travers son rayonnement et ses effets dans le jeu mouvementé
des interactions de ces courants, Groth s'efforce de démontrer le caractère
de force culturelle réelle et puissante de la presse écrite au sein de la
société globale. A cette fin, il établit une distinction entre l'action de
l 'œuvre journalistique d'une part sur et par les formations sociales
(les « collectivités» au sens plus ou moins large, tome 5) et, d'autre
part, sur et par les « systèmes culturels» (l'Etat, l'économie, la technique,
les sciences, les arts, la religion). Auparavant, cependant, il
définit et analyse dans leur globalité les divers moyens d'action spécifique
dont dispose la presse, tels que la répétition, l'exploitation de l'actualité
et de l'universalité des messages, ainsi que les modes d'argumentation
particulièrement journalistiques, sans négliger pour autant l'épineux
problème de la justification morale de l'utilisation de ces moyens et de
l'influence que leur intervention exerce sur le récepteur.
Parmi les formations sociales, ce sont les phénomènes du « public »,
au sens le plus large (Offentlichkeit) comme au sens le plus restreint
(Publikum) , de la « communauté» et de la « société», ainsi que du
parti (notamment du parti politique) qui sont examinés de près comme
étant des exemples-types d'entités d'un certain degré d'organisation, de
structuration ou d'absence de structuration, et dont les rapports avec
la presse sont les plus intimes et les plus efficaces. C'est à la lumière
de la connaissance des liaisons, des interrelations les plus significatives
qui s'établissent entre ces genres de formations et le journal écrit
qu'Otto Groth tente de dégager les lois complexes qui gouvernent le rôle
d'agent social de la presse.
On ne saurait suivre ici l'auteur dans les détails de son exposé qui
verse en de nombreux endroits dans la sociologie et la psychologie sociale