DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

PROSE POUR DES ESSEINTES
XII D'ouïr tout le ciel et la carte
Sans fin attestés sur mes pas,
Par le flot même qui s'écarte,
Que ce pays n'exista pas.
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L'absence de virgule, dans la première version, après le
vers 2 de la strophe XII, tranche la question de savoir s'il faut
le lier au vers suivant. C. Soula voyait avec raison que le ciel
et la carte sont attestés par le flot même qui s'écarte. Si l'on est
attentif aux formes premières « comme en pleure la rive» et
« le jeu monotone )) qui font mentir les vagues plus que la rive,
« le flot qui s'écarte )) peut symboliser la foule. Affirmation très
mallarméenne : par le fait même que la foule ignore ou nie le
pays du poète, l'authenticité de ce pays éclate.
Les deux dernières strophes
L'entant abdique son extase
Et docte déjà par chemins
Elle dit le mot: Anastase!
Né pour d'éternels parchemins,
A vant qu'un sépulcre ne rie
Sous aucun climat, son aïeul,
De porter ce nom : Pulchérie!
Caché par le trop grand glaïeul.
qui n'apparaissent pas dans la première version, développent et
expliquent peut-être un peu la sybilline strophe IX. Le poète
s'exaltait trop de voir
La famille des iridées
Surgir à ce nouveau devoir
dont l'accomplissement l'eût fait l'égal d'un Dieu. La méditative
et sensée Polymnie le sauve d'une poursuite douteuse ou
stérile, de crainte de ne pouvoir plus le sacrer poète, - « La
poésie sacre; qui essaie, en de chastes crises isolément, pendant
l'autre gestation en train». Rappelons-nous que, Poe disait des
yeux d'Hélène: « Ils sont mes ministres; pourtant je suis leur
esclave. Leur office est d'illuminer et d'embraser; - mon
devoir d'être sauvé par leur brillante lumière. )) Mallarmé nous
révèle davantage lorsqu'il suppose que Baudelaire a puisé dans
A Hélène « l'inspiration d'un merveilleux sonnet », Le Flam-