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DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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« ALBUMS n'IDÉES)) (1934) 213<br />

Pour Valéry, la définition est donc, d'un mouvement<br />

direct, son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> penser et la tendance même <strong>de</strong> son esprit.<br />

Il faudrait toujours, selon lui, partir <strong>de</strong> définitions ou y<br />

aboutir. L'on sait, au surplus, que ce qu'il reproche à la philosophie,<br />

c'est <strong>de</strong> ne point définir les mots dont elle se sert, par<br />

suite <strong>de</strong> mal poser les problèmes, d'user <strong>de</strong> la prétérition, spéculant<br />

sans cesse sur le vague <strong>de</strong>s grands mots. Cependant,<br />

comme il n 'y a plus <strong>de</strong> philosophie qui ne soit par quelque côté<br />

scientifique ...<br />

La définition n'est pas seulement la forme que prend l'idée<br />

du jour, mais elle est immanquablement une définition dans<br />

son élan, dans son contenu, dans sa matière première. Valéry<br />

définit comme il respire et comme son cerveau fonctionne, par<br />

besoin, par goût et par nécessité.<br />

Extraire du concret, un abstrait; <strong>de</strong> l'événement, un invariant;<br />

<strong>de</strong> l'individuel, un général; <strong>de</strong> la couleur, un <strong>de</strong>ssin; <strong>de</strong><br />

l'expérience, une loi, c'est assouvir la faim <strong>de</strong> la pensée, avi<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> se dépêtrer <strong>de</strong> la contingence, c'est éminemment répondre<br />

à la <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l'homme.<br />

En ces temps où l'on cherche à proposer un pseudo-Valéry,<br />

le lecteur est bien aise, dans cette année 1934, <strong>de</strong> trouver<br />

d'abord et à chaque instant, un Valéry adonné à la définition,<br />

voué à l'opération intellectuelle par excellence. Qui parle, en<br />

effet, définit qu'il le veuille ou non. Qui parle bien, va au fond<br />

<strong>de</strong>s choses et en tire et en remonte parcelles <strong>de</strong> lumière. Qui<br />

parle beaucoup chaque matin, finit par englober dans son<br />

réseau <strong>de</strong> définitions la totalité mentale et, par conséquent, la<br />

vie elle-même.<br />

Citons, à ce propos, la définition <strong>de</strong> la raison, instrument<br />

<strong>de</strong> mesure et <strong>de</strong> découverte, dans cette phrase inachevée :<br />

la « raison» (opposée à la manie, au délire, au déséquilibre) est la<br />

production <strong>de</strong> ce qu'il faut pour corriger, isoler, borner, interrompre<br />

les développements infinis du psychisme et automatisme<br />

simples (types -rêve, à « une dimension» - les ré-excitations cycliques,<br />

les débor<strong>de</strong>ments naturels affectifs, (p. 13)<br />

Quelquefois, une définition est soulignée en marge par<br />

ùeux traits verticaux, indiquant son importance, comme celle<br />

<strong>de</strong> la maîtrise <strong>de</strong> soi :<br />

« La maîtrise <strong>de</strong> soi» est la restriction <strong>de</strong>s résonnances (sic) - leur<br />

cantonnement - au bénéfice <strong>de</strong> la liberté.

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