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DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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52 MARCEL SIMON<br />

requise en ironisant abondamment sur la secon<strong>de</strong>. Mais d'innombrables<br />

témoignages, littéraires ou épigraphiques, attestent que<br />

la foi ou l'espérance <strong>de</strong> l'Eglise ancienne professait ou attendait<br />

à la fois, comme aujourd 'hui, la résurrection universelle,<br />

suivie du jugement <strong>de</strong>rnier, et aussi l'accession, immédiate ou<br />

progressive, <strong>de</strong> l'âme individuelle désincarnée, après la mort<br />

corporelle, à la béatitu<strong>de</strong>. A l'inverse, si c'est à ce type <strong>de</strong><br />

béatitu<strong>de</strong>, réalisé par l'immortalité astrale, que paraissent<br />

avoir aspiré la majorité <strong>de</strong>s païens, il ne faut pas oublier que<br />

les mystères <strong>de</strong> Mithra, tributaires en l'occurrence <strong>de</strong> l'eschatologie<br />

mazdéenne, professaient eux aussi, comme le christianisme,<br />

à la fois la doctrine d'une rétribution immédiatement<br />

consécutive à la mort et celle <strong>de</strong> la résurrection universelle à la<br />

fin <strong>de</strong>s temps. Or c'est autour d'un mithriacisme élargi que<br />

ten<strong>de</strong>nt à se regrouper les forces du paganisme sur son déclin.<br />

On a mainte fois insisté aussi sur l'opposition, totale en<br />

effet si l'on envisage les choses à l'état pur, entre la conception<br />

plus ou moins explicitement dualiste qui est celle <strong>de</strong> la religiosité<br />

païenne, d'inspiration platonicienne pour l'essentiel, et<br />

la notion plus globale <strong>de</strong> la personnalité que le christianisme a<br />

héritée du judaïsme. L'hellénisme païen, nous dit-on, oppose<br />

le corps et l'esprit, le premier étant considéré comme la prison<br />

du second, et voit en conséquence dans la mort un affranchissement,<br />

une libération. Quant au christianisme, il proclame que<br />

la personne humaine est esprit, âme et corps, et qu'elle ne<br />

pourra s'épanouir pleinement après la mort que lorsque l'élément<br />

spirituel aura à nouveau revêtu une enveloppe non plus<br />

charnelle à coup sûr, mais néanmoins corporelle, le « corps<br />

spirituel» dont parle saint Paul: d'où précisément l'opposition<br />

entre immortalité <strong>de</strong> l'âme et résurrection. Tout cela encore est<br />

exact dans le principe. Mais est-il sûr que les fidèles <strong>de</strong> l'une et<br />

l'autre religion aient toujours très clairement fait la distinction<br />

entre une âme désincarnée et celle qui aurait revêtu le corps<br />

spirituel? Et, d'autre part, pour ce qui est <strong>de</strong>s conséquences<br />

pratiques <strong>de</strong> ces doctrines, il est évi<strong>de</strong>nt que la morale, très<br />

largement diffusée dans l'Eglise ancienne, qui tendait à mortifier<br />

la chair et débouchait dans un ascétisme plus ou moins<br />

appuyé, postulait un dualisme au moins relatif, nettement<br />

exprimé déjà chez saint Paul et assez proche en définitive, dans<br />

son esprit sinon dans ses formulations précises, <strong>de</strong>s philo-

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